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Violences sexuelles en Belgique : les chiffres de la première étude d'envergure

Lundi, 21 Juin 2021

C’est la première étude représentative à grande échelle qui a été réalisée sur le phénomène des violences sexuelles en Belgique. Après quatre ans de recherche, Ines Keygnaert et ses collaborateurs ont dévoilé des chiffres effrayants : 2 Belges sur 3 ont été victimes de violences sexuelles au cours de leur vie, dont 81% des femmes et 48% des hommes. Les membres de la communauté LGBTQIA+ et les migrant·e·s sont particulièrement exposé·e·s. L’étude établit une série de recommandations pour les décideurs·euses politiques, dont une meilleure formation des médecins généralistes, policiers·ères, enseignant·e·s et autres acteurs·rices du terrain.

Ines Keygnaerts, chercheuse à l’Université de Gand, a coordonné le projet de recherche UN-MENEMAIS en collaboration avec des collègues de l’UGent, de l’ULG et de l’INCC. Cette étude visait à obtenir une vue d’ensemble sur « les mécanismes, l’ampleur et la nature des violences sexuelles en Belgique pour toutes les catégories de la population », mesurer son impact sur la société et produire des recommandations pour les pouvoirs publics. Elle ciblait 5.000 belges de 16 à 100 ans représentatifs de la population, tous sexes, genres et orientations confondus. Les violences sexuelles peuvent prendre de multiples visages : viols, attentats à la pudeur, harcèlement verbal, voyeurisme, etc.

La froideur des chiffres

Selon les résultats de la recherche, 64% des Belges de 16 à 69 ans ont été victimes d’une violence sexuelle au cours de leur vie. Sous ce chiffre nous retrouvons 81% des femmes belges, et 48% des hommes belges, des chiffres similaires à ceux des pays voisins. Parmi ces personnes, 16% des femmes ont été victimes de viol, 5% des hommes.

L’étude s’intéresse également aux minorités moins visibles, qui paient souvent un plus lourd tribu. Ainsi, ce sont 79% de personnes de la communauté LGBTQIA+, tous genres et orientations confondus, qui ont été victimes d’une violence sexuelle, dans 42% des cas avec contact physique. Parmi les migrant·e·s demandeurs·euses de la protection internationale, 84% ont déjà subi une violence sexuelle, dans 61% des cas après leur arrivée en Belgique. Enfin, parmi les personnes âgées (70 ans et plus), 44% ont subi une violence sexuelle au cours de leur vie, dont une sur douze au cours des douze derniers mois. Dans la majorité des cas, l’agresseur·euse est connu·e de la victime.

Les conséquences des violences sexuelles sont graves : dépression, anxiété, stress post-traumatique, pensées suicidaires avec parfois tentatives de passage à l’acte. Malgré cela, seuls 7% des victimes ont recherché une aide professionnelle et 4% ont été voir la police. Face à ce constat, les chercheurs offrent de multiples recommandations : une meilleure formation juridique et psychologique des professionnel·le·s (soignant·e·s, policiers·ères, etc.) pour mieux accompagner les victimes ; une éducation sexuelle obligatoire dès l’enfance, etc.

POUR LA SOLIDARITÉ – PLS s’engage auprès des femmes victimes de violences

Souvent le loup se cache dans la bergerie, et de nombreuses violences sexuelles ont lieu dans le cadre conjugal. POUR LA SOLIDARITÉ-PLS s’engagedans le cadre du projet Activ, à renforcer la collaboration entre les différent·e·s acteurs·rices impliqué·e·s dans le soutien aux femmes confrontées à ce phénomène et à les aider à se réinsérer dans l’univers socioprofessionnel. Pour plus d’informations, consultez : https://activproject.eu/fr/.