L'ONU réclame la désinstitutionnalisation du travail des personnes handicapées
En France, en plein mouvement social de contestation sur fond de réforme des retraites, de nombreuses voix s’élèvent à l'échelle nationale et internationale pour dénoncer la situation des travailleur·euse·s handicapé
En France, au lendemain de la diffusion d’une enquête télévisée, sur le manque de personnel dans les établissements ou services d’aide par le travail (ESAT), le questionnement autour du fonctionnement et de l’existence même de ces établissements refait également surface.
Pour rappel, le Ministère du Travail français définit les ESAT comme « des établissements médico-sociaux qui relèvent, pour l’essentiel, des dispositions figurant dans le code de l’action sociale et des familles. Ils offrent aux personnes handicapées des activités diverses à caractère professionnel et un soutien médico-social et éducatif en vue de favoriser leur épanouissement personnel et social. »
Dans son livre « Handicap à vendre », sorti en février 2022, le journaliste Thibault Petit dénonce le fonctionnement des ESAT et notamment leur échec en matière d’inclusion. En effet, bien que vus comme des tremplins, en réalité seuls 0,5 à 2% des personnes passant par les ESAT accèdent un jour au « milieu ordinaire ». Par ailleurs, le Comité des droits des personnes handicapées des Nations-Unies (CRPD – ONU) a rendu une observation en septembre dernier en faveur de la fermeture de ces établissements. Le CRPD, réclame que soit « éliminée rapidement la ségrégation de l'emploi, y compris les ateliers protégés, en adoptant des plans d'action concrets, avec des ressources, des délais et des mécanismes de suivi qui assurent la transition de la ségrégation de l'emploi vers le marché du travail ouvert ».
Ce que dénonce l’ONU, Thibaut Petit mais également de nombreuses militant.e.s et associations françaises c’est la « ségrégation systématique » et le « validisme » qui se cache derrière le fonctionnement de tels établissements. Comme le souligne, le journaliste français, avec les ESAT la société française crée des mondes parallèles pour gérer les personnes qui sont considérées comme « anormales ». Parce qu’elles ne répondent pas aux « critères de validité (psychique, physique, sensorielle, mentale…), de productivisme, ou encore de rentabilité, ces personnes sont vues comme “pas adaptées” au monde normé .»
En savoir plus:
- Livre de T. Petit " Handicap à vendre"
- Interview de T.Petit pour Welcome To The Jungle
- Observation de l'ONU sur le droit au travail et à l'emploi des personnes handicapées
- Lignes directrices du CRPD sur la désinstitutionnalisation