Syndrome méditerranéen - Observatoire européen de la diversité

Le syndrome méditerranéen, ou comment les préjugés médicaux existants persistent

Jeudi, 14 Décembre 2023

En juin dernier, la mort tragique d’Aïcha, une adolescente de 13 ans, a mis en lumière les préjugés médicaux persistants associés au “syndrome méditerranéen”. Un enregistrement révélé par Mediapart le 3 décembre témoigne d’une négligence des secours, qui n’ont pas pris en compte les symptômes réels d'Aïcha. 

Le syndrome méditérranéen fait référence à un biais raciste selon lequel les professionnel·el·s de santé supposent qu’une personne d’origine nord-africaine, hispanique ou noire exagère ses souffrances ou simule ses symptômes. Une croyance sans aucun fondement scientifique qui remonte à la colonisation et aux premières vagues d’immigration en Europe. Ce phénomène repose sur des recherches anthropologiques rudimentaires, affirmant que les populations méditerranéennes auraient tendance à exprimer leurs douleurs de manière plus ouverte. Cette incompréhension culturelle entraîne une minimisation des souffrances et une mauvaise prise en charge des patient·e·s. 

Pour combattre ce phénomène, des initiatives indépendantes cherchent à déconstruire les préjugés racistes dans les facultés de médecine. Il est crucial de normaliser la présence d'interprètes, de diversifier le personnel médical et d’améliorer les conditions de travail pour éviter des différences injustifiées dans le traitement des patient·e·s. En outre, sensibiliser dès la formation médicale, en introduisant de la diversité dans les livres, les cas pratiques et les cours permettrait de réduire les inégalités de traitement et de lutter contre le racisme structurel dans le domaine de la santé. 

L’histoire d'Aïcha appelle à une réflexion profonde sur les préjugés existants dans le milieu médical, elle souligne l’importance d’une remise en question collective pour garantir des soins équitables et dignes pour tous·tes les patient·e·s, indépendamment de leur origine éthnique.
D’ailleurs, pour rappel, au sens du serment d’Hippocrate, auquel tous les médecins sont tenu·e·s affirme que "des convictions politiques ou philosophiques, des considérations de classe sociale, de race, d’ethnie, de nation, de langue, de genre, de préférence sexuelle, d'âge, de maladie ou de handicap n’influencent pas mon (celle des médecins) attitude envers mes patients”.