L'accord honteux entre l'UE et la Turquie entre en vigueur

Lundi, 4 Avril 2016

L'accord sur les migrants entre l'UE et la Turquie, décidé le 19 mars 2016 à Bruxelles, entre en action le 4 avril. Les réfugiés arrivés sur les côtes grecques après le 20 mars vont donc être réexpulsés vers la Turquie.

L'accord UE-Turquie entre en vigueur lundi 4 avril 2016

Le 19 mars 2016, l'Union européenne et la Turquie signaient un accord qui prévoyait de renvoyer en Turquie tous les migrants arrivés illégalement en Europe après le 20 mars.

En échange de l'accueil de ces migrants, l'UE apportera une aide financière de 3 milliards d'euros à la Turquie et les discussions sur l'adhésion de la Turquie à l'UE seront relancées. Dans ce contexte, pour un migrant renvoyé en Turquie, un Syrien qui a fait une demande d'asile sur le sol turc sera accueilli en Europe. Le nombre de ces derniers étant limité à 72 000 places, sachant qu'il y aurait environ 4 millions de réfugiés fuyant la Syrie.

Cet accord honteux mène à un retournement de situation sur les côtes grecques. Les centres d'enregistrement surpeuplés deviennent des prisons pour les "After 20", c'est à dire les réfugiés arrivés après le 20 mars.

 Depuis le 4 avril, des bateaux commencent déjà à faire le voyage entre la Grèce et la Turquie avec des centaines de migrants à leurs bords. Ces derniers ont pourtant fait le chemin inverse au péril de leur vie.

 

L'Europe oublie ses valeurs humanistes

Les associations humanitaires s'insurgent contre cet accord pour plusieurs raisons. Tout d'abord, le fait de déporter des masses de population sans avoir étudié leurs demandes d'asile est illégale. De plus, la Turquie n'est pas considérée comme un "pays sûr" pour les acteurs sur le terrain.

D'une part, la Turquie n'a pas signé la convention de Genève de 1949 relative à la protection des réfugiés. D'autre part, Amnesty International a révélé récemment que la Turquie renvoyait chaque jour, depuis mi-janvier, une centaine de réfugiés syriens vers leur pays d'origine, actuellement en guerre.

Ces accord remettent en cause l'image d'humanisme de l'Europe. Où sont les valeurs de dignité, de solidarité et de justice énumérées dans la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne ? Ces grands principes font-ils une distinction entre les ressortissants de l'UE et le reste du monde ? Il semblerait que ce soit effectivement le cas.