« Il n’y a pas de crise migratoire, mais une crise politique en Europe »

Lundi, 19 Février 2018

Retour sur une interview de William Lacy Swing, directeur général de l’Organisation Internationale pour les migrations (OIM) et représentant spécial du secrétaire des Nations unies (ONU).

En avril 2015, l’Europe a parlé pour la première fois d’une « crise des réfugiés » en raison de plusieurs naufrages dans la Méditerranée. Selon Renato Pinto, de l’Action Vivre Ensemble, le but principal des médias est d’avoir un lectorat élevé. C’est pour cette raison-là qu’ils abusent de phrases choquantes et d’images jouant sur l’émotion. D’après lui, la « crise des refugiés » alimentée par le discours des grands médias est la conséquence d'une volonté de « faire fonctionner la machine à sensation ».

Au sujet de cette « crise migratoire », une appellation vivement alimentée par le discours médiatique et politique, une interview a été réalisée par Daniela Vincenti pour EURACTIV avec William Lacy Swing. Selon L. Swing, la crise migratoire provient des politiques migratoires européennes. Ceci dit, le manque d’unité des États membres est aussi responsable de cette crise

La chercheuse Cristina del Biaggio et l’avocat Raphaël Rey réfléchissent ensemble sur la même question dans le contexte suisse. Selon ces derniers, parler de crise des réfugiés est un moyen pour l’Europe de se dédouaner de ses obligations sur le droit international et européen en matière d’asile. En associant les réfugié-e-s à d’autres « crises » sécuritaires ou économiques, l’image de l’invasion de l’Europe est renforcée. Ainsi, l’Europe insiste sur le fait que la crise vient d’ailleurs et les pays européens sont représentés comme victimes des conflits et des guerres qui ont lieu « ailleurs ».

D’après L. Swing, l’Union européenne devrait tout d’abord prendre des mesures tournées vers l’avenir et se mettre d’accord sur une politique globale et à long terme en matière de migration et d’asile. Par exemple, 1,5 millions de personnes ont été immigrées vers l’Europe et ces chiffres, qui représentent moins de 1,5 % de la population européenne, auraient pu être tout à fait gérables.

Pour finaliser ses propos, L. Swing considère que l’Europe est capable de proposer une politique à la fois humaine et responsable. Pour ce faire, il propose de combiner des stratégies pour gérer les politiques migratoires à court terme, à moyen terme et à long terme. Cependant, un courage politique est exigé pour promouvoir de meilleures politiques migratoires.