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Belgique : les chiffres alarmants du sondage d'Amnesty International sur le viol

Mercredi, 11 Mars 2020

Le 5 mars 2020, un sondage Amnesty International-SOS Viol réalisé par Dedicated, a été rendu public. Celui-ci met en lumière une réalité alarmante en Belgique: les violences sexuelles souffrent encore de nombreux préjugés (liés au supposé consentement de la victime, par exemple), comportent une importante dimension de genre, sont rarement poursuivies et condamnées de façon satisfaisante...

POUR LA SOLIDARITE-PLS, qui se bat depuis des années pour l'égalité entre les genres et pour une société plus inclusive et tolérante, déplore cette situation et appelle tout le monde à prendre conscience de la nécessité d'agir contre les violences sexuelles. 

Des préjugés encore bien ancrés dans les mentalités belges

Un tiers des jeunes sondés considèrent qu'il est normal d'insister pour avoir des rapports sexuels et que tant que la personne ne dit pas explicitement "non", on ne peut pas parler de viol. 

Philippe Hensmans, le directeur de la section belge francophone d'Amnesty International, explique: 

« Les réponses fournies par les jeunes relatives aux stéréotypes entourant le viol et les violences sexuelles sont extrêmement inquiétantes, notamment en ce qui concerne la possibilité de dire “non”. Nous sommes tout aussi consterné·e·s par les manquements de nos autorités en termes d’éducation et de sensibilisation, y compris dans les écoles alors que le programme d'Éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS) n'est pas encore généralisé »

En outre, un homme sur cinq pense que les femmes aiment être forcées à avoir des relations sexuelles. A côté de cela, 39% des hommes considèrent que lorsqu'il s'agit de porter plainte pour viol, les femmes accusent souvent à tort.

De manière encore plus inquiétante, la question de la responsabilité de la victime de l'agression souffre de préjugés négatifs : 

  • 48% des hommes estiment que des "circonstances atténuantes" liées au comportement de la victime peuvent exister dans certains cas;
  • Parmi les femmes interrogées, elles sont encore 37% à partager cet avis;

Parmi ces personnes,

  • 16% pointent le port de vêtements sexy;
  • 16% pointent le fait de ne pas avoir dit explicitement non;
  • 14% pointent les "comportements provocants";
  • 12% pointent le fait que la victime se soit rendue volontairement chez le violeur

Une forme de violence qui affecte davantage les femmes 

Les femmes et les jeunes sont surreprésenté-e-s parmi les nombreuses – la moitié de Belges est concernée!– victimes de violence sexuelles.

Pour ne reprendre que les chiffres les plus marquants, ce sondage montre qu'une femme sur cinq en Belgique a été victime de viol. Parmi elles, elles sont encore 23% a avoir subi des relations sexuelles forcées par leur partenaire (c'est le cas de 14% des hommes). 

Bien que les violences sexuelles concernent tout le monde, femmes et hommes, les femmes restent les plus affectées par ce genre de violence.

Une Justice insatisfaisante, voire inefficace?

Seuls 14% des femmes qui ont porté plainte pour des faits de violence sexuelle se déclarent satisfaites de cette démarche. Ceci peut s'expliquer par le fait que les parcours judiciaires des victimes de viol restent inadéquats. Plus de la moitié des affaires de viol sont ainsi classées sans suite et très peu de dossiers poursuivis aboutissent à une condamnation effective. 

Au final, pas moins de 77% des répondant-e-s au sondage estiment que le système judiciaire belge n'est pas efficace pour retrouver les auteurs de violence.

L'État peut mieux faire!

En tant que signataire de la Convention d'Istanbul sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes, la Belgique est tenue d'agir. Comme le souligne Amnesty, en 2019, seul un cinquième des dispositions de la Convention étaient appliqué. 

Ce sondage nous permet de mieux COMPRENDRE la situation en Belgique en matière de viol et violences sexuelles; il est à présent temps d'AGIR!