Interdiction de l’écriture inclusive : le débat sur la langue française
Le lundi 30 octobre 2023, le Sénat a adopté une proposition de loi, émanant de la sénatrice Pascale Gruny, visant à interdire l’écriture inclusive, au motif que cela défendrait le patrimoine qu’est la langue française.
Le débat a ravivé une division politique ancienne entre la gauche et la droite en France. Débutant à propos de la féminisation des noms de métiers, ce débat s’est aujourd’hui déporté vers l’écriture inclusive. En effet depuis 2017, il ne s’agit plus seulement de féminiser la langue française mais aussi d’y introduire des notions de genre, pour inclure les personnes non binaires, qui définissent leur identité comme n’étant ni féminine ni masculine.
La droite considère que la langue française est un patrimoine, qui doit évoluer en fonction de la société mais pas plus rapidement que cette dernière. En conséquence, plusieurs propositions de lois visant à interdire l’écriture inclusive avaient déjà été déposées.
Le Président Emmanuel Macron s’est aussi prononcé contre l’écriture inclusive ce lundi; affirmant que dans la langue française, le masculin est neutre et n’a pas besoin d'être modifié, ce qui a révolté les partis écologistes et socialistes. Néanmoins, malgré ces fortes déclarations, rien n’assure encore que le projet de loi sera ensuite inscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale et qu’il pourra être définitivement adopté.
L’importance de l’écriture inclusive ?
Le combat de l’écriture inclusive vise à valoriser dans la langue française toutes les identités et toutes les minorités. Cette forme d’écriture désigne un ensemble de pratiques graphiques et syntaxiques visant à instaurer l’égalité entre les femmes et les hommes dans la langue. Elle s’oppose au masculin générique et à la prédominance du masculin sur le féminin pour favoriser une communication exempte de stéréotypes de genre. Cette démarche est animée par la conviction que le langage peut contribuer à changer les mentalités et à promouvoir l’égalité entre les sexes.
Le Conseil de l’Europe soutient cette préoccupation : il a adopté en 2008 une recommandation visant à éliminer le sexisme dans le langage. De même, le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes a publié un guide pratique en septembre 2016, consultable en ligne, contenant 10 recommandations pour promouvoir cette approche inclusive du langage.
Read more:
La France veut interdire l'écriture inclusive, Article La Libre (30.10.2023).
La lente diffusion du gender budgeting en Europe, Note d'analyse PLS, (09.2023).
Photo libre de droits : Alexis Brown sur Unplash.