Excuses royales

Passé colonial : Excuses royales des Pays-Bas

Lundi, 3 Juillet 2023

Le roi Willem-Alexander des Pays-Bas a présenté ce 1er juillet des excuses officielles pour l’implication du pays dans l’esclavage, lors d’un événement marquant les 150 ans de l’affranchissement des esclaves dans les anciennes colonies néerlandaises.

"Aujourd'hui, je me tiens devant vous en tant que roi et membre du gouvernement. Aujourd'hui, je m'excuse", a déclaré le roi Willem-Alexander des Pays-Bas, sept mois après des excuses similaires formulées par le premier ministre néerlandais, Mark Rutte.


"La traite des esclaves et l’esclavage sont reconnus comme crimes contre l’humanité. Les rois de la maison d’Orange n’ont rien fait pour l’empêcher. Aujourd’hui, je demande pardon pour cette inaction », a poursuivi Willem-Alexander.

Le monarque néerlandais s'est exprimé lors d'un événement marquant ("Nationale Herdenking Slavernijverleden") les 150 ans de l'affranchissement des esclaves dans les anciennes colonies. Des milliers de descendant·e·s de personnes réduites en esclavage dans l’ancienne colonie sud-américaine du Suriname ainsi que dans les îles caribéennes d’Aruba, Bonaire et Curaçao assistaient à Amsterdam à cette célébration.


Enrichissement de la famille royale néerlandaise

Suite à l'émergence du mouvement Black Lives Matter en Europe, les Pays-Bas se sont lancés dans un débat sur le passé colonial du pays. Selon un rapport commandé par le ministère de l’intérieur néerlandais et publié en juin, entre 1675 et 1770, les colonies ont rapporté à la famille royale l’équivalent de 545 millions d’euros. L’esclavage a ainsi contribué à financer le « siècle d’or » néerlandais, période de prospérité grâce au commerce maritime aux XVIe et XVIIsiècles. De plus, le pays a procédé à la traite d’environ 600 000 Africain·e·s, principalement vers l’Amérique du Sud et les Caraïbes.
 

Quelques pays européens qui (ne) se sont (pas) excusés 

  • En Belgique, en décembre dernier, les partis de la majorité ne sont pas parvenus à se mettre d'accord sur la question des excuses du royaume sur son passé colonial. Bien que six mois plus tôt, des « excuses » ont été prononcées par le Premier ministre Alexander de Croo pour le meurtre de Patrice Lumumba, père de l’Indépendance de l’actuelle République démocratique du Congo (RDC). De son côté la famille royale, a émis de « profonds regrets » en juin 2021 et juin 2022 pour la colonisation au Congo.
     
  • En France, pas d'excuses, mais le pays a adopté en 2001 une loi reconnaissant comme crimes contre l'humanité « la traite des Noirs et l'esclavage des populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes, perpétrés en Amérique et aux Caraïbes, dans l'océan Indien et en Europe, à partir du XVe siècle ».
     
  • En Espagne, le gouvernement et la famille royale refusent de présenter des excuses publiques pour le passé colonial, l’esclavage ou le génocide des peuples aztèques et mayas.
     
  • Refus également du côté du Portugal, pourtant première puissance à s’engager dans la traite transatlantique. Cependant cette année pour la première fois un dirigeant portugais, le Président Rebelo de Sousa, a évoqué l'opportunité de présenter des excuses aux descendant·e·s des victimes de l'esclavage.
     
  • Lors d'une visite en Jamaïque en 2022, le prince William a présenté au nom du royaume de Grande-Bretagne ses excuses solennelles quant au commerce d'esclaves. Il met ainsi fin à une politique de « profonds regrets » sans excuses portée en 2006 par le Premier ministre Tony Blair.

Pays: 

Pays-Bas