Nouhaila Benzina est la première joueuse voilée à disputer un Mondial

Mercredi, 2 Août 2023

Ce dimanche 30 juillet, la joueuse marocaine Nouhaila Benzina est devenue la première femme voilée à jouer un match de Coupe du Monde. En 2014, la FIFA avait retiré son interdiction du port du voile, initialement prise pour la « sécurité des joueuses ». 

Nouhaila Benzina est entrée dans l’histoire de la Coupe du Monde de football féminin en tant que première joueuse à disputer un match avec un voile. Elle avait déclaré avant la compétition auprès de la chaîne Al-Jazeera que "beaucoup de travail a été fait pendant plusieurs années, et il y a eu un résultat positif". 

C’est en juillet 2014 que l'International Football Association Board (Ifab), organe garant des lois du jeu, a autorisé le port du voile lors des matchs officiels de football. Cette levée d’interdiction, demandée par la Confédération asiatique (AFC) et le Prince Ali Bin al Hussein de Jordanie, un des six vice-présidents de la FIFA, avait bénéficié en mars 2012 d'un « accord de principe » de l'Ifab qui avait toutefois souhaité attendre le résultat d'un examen lié à la santé et à la sécurité de cette mesure

Adoptée à l'unanimité, cette mesure a bénéficié d'une période d'essai de 2 ans, durant laquelle les critères de santé et sécurité ont été validés, avant son entrée en vigueur. L'objectif affiché était de permettre à toutes les femmes de pratiquer le football, ce qui n'était pas le cas jusqu'alors en raison de restrictions religieuses.

D’un côté, cette mesure a été accueillie de manière positive dans la plupart des monarchies conservatrices du Golfe, souvent réservées sur le sport féminin, car elle représente un encouragement aux footballeuses musulmanes portant le voile à pratiquer leur sport. La présidente de la commission du sport féminin au sein de la fédération koweïtienne de football (FKT), cheikha Naïma Al-Sabah, a notamment affirmé que « son impact sera direct et positif sur l'engouement des Koweïtiennes à jouer au football »

D’un autre côté, plusieurs associations féministes, dont "Ni Putes Ni Soumises", ont dénoncé une régression et voyaient derrière ce débat le poids économique de certains pays du Moyen-Orient, comme le Qatar, qui était déjà désigné comme organisateur de la Coupe du monde 2022.

En comparaison, dans certains pays, dont la France depuis 2014, l'interdiction du port du voile dans le football est toujours en place. L’article 1 de la FFF indique que «tout port de signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique, philosophique, religieuse ou syndicale» est interdite. Le collectif «Les Hijabeuses» a réclamé un changement réglementaire lors d’un recours, mais le Conseil d'État français a confirmé l’interdiction dans une décision récente. 

Qu’en est-il d’autres compétitions et disciplines ? 

  • Les Jeux Olympiques (JO) : l’article 50-2 de la Charte olympique dispose qu’« aucune sorte de démonstration ou de propagande politique, religieuse ou raciale n’est autorisée dans un lieu, site ou autre emplacement olympique ». Mais en pratique, le Comité International Olympique (CIO) laisse le choix aux fédérations sportives d’interdire ou d’accepter que les athlètes féminines se distinguent par des attributs vestimentaires compatibles avec leur religion. Des athlètes voilées ont notamment participé aux JO de Londres (2012) et de Rio (2016).
     
  • Basket : Après trois ans de négociations, la Fédération internationale de basket-ball (FIBA) a autorisé les basketteuses à porter le voile islamique lors des compétitions internationales. La Fédération française de basket quant à elle interdit le port du voile à ses joueuses en compétition pour des raisons de sécurité. 
     
  • Handball : la fédération internationale de handball (IHF) autorise expressément, dans les règles du jeu de handball, le port d’un foulard à condition qu’il soit confectionné dans un matériau souple et élastique. 
     
  • Athlétisme : l’IAAF (International Association of Athletics Federations) n’a aucune règle interdisant le port du voile, c’est autorisé.
     
  • Karaté : le comité exécutif de la Fédération mondiale de karaté approuve le port du voile sur les tatamis en 2013, après une expérimentation de deux ans.