L'engagement de l'UE contre la discrimination des Roms prend un nouveau souffle

Jeudi, 3 Novembre 2022

Une résolution adoptée en première session début octobre au Parlement Européen rappelle la volonté de l'Union Européenne (UE) de favoriser l'inclusion sociale de la minorité ethnique la plus importante en Europe : les Roms. 

Les Roms sont une large communauté qui compte 10 à 12 millions d'individus en Europe dont 6 millions vivent dans les Etats Membres. Originaires de la Perse, les premières vagues d'immigration Roms1 en Europe ont débuté au XIIème siècle. Ayant tendance à la sédentarisation depuis quelques décennies, cette population est majoritairement présente dans les pays de l'Est (Roumanie, Hongrie et Bulgarie).

La situation actuelle : entre discrimination et ségrégation 

L'Agence pour les Droits Fondamentaux de l'UE a publié son rapport 2022 et les conclusions concernant les discriminations à l'encontre des populations Roms en Europe sont loin d'être positives. En effet, plus de la moitié des Roms interrogés dans dix pays européens différents ont affirmé avoir déjà été victimes de harcèlement et de ségrégation ethnique. Cette exclusion sociale est aussi économique car 80% des Roms vivent en dessous du seuil de pauvreté. Leurs conditions de vie se voient gravement dégradées par ce manque de moyens. 

La scolarisation représente le plus gros enjeu d'inclusion sociale pour ces populations. En effet, la moitié des enfants Roms ne sont jamais allés à l'école et le taux d'analphabétisme chez les adultes avoisine les 50%. Par ailleurs, l'accès aux soins de santé est aussi très complexe pour ces populations exclues la plupart du temps des aides économiques et sociales des pays membres. 

Quelle réponse à l'échelle européenne?

Dans une résolution de début octobre portée par la Commission des Libertés Civiles, les député·e·s européen·ne·s ont demandé l'égalité des droits pour les Roms : éducation, logement, accès aux soins de santé et à l'emploi. Les eurodéputé·e·s dénoncent le "manque de volonté politique" pour faire face à la détérioration des droits des Roms, une détérioration qui s'est aggravée avec la crise du COVID-19 qui a accéléré leur marginalisation. Iels appellent à la création de mécanismes contraignants pour les États afin de lutter efficacement contre ces discriminations. Cette résolution a aussi été l'occasion de rappeler l'antitsiganisme (le racisme envers les poluations Roms) qui sévit encore en Europe.

 

1. Définition des Roms selon le Conseil de l'Europe "Les termes « Roms » et « Gens du voyage » utilisés au Conseil de l’Europe englobent la grande diversité des groupes concernés par les travaux du Conseil de l’Europe dans ce domaine : d’une part, a) les Roms, les Sintés/Manouches, les Calés/Gitans, les Kaalés, les Romanichels, les Béash/Rudars ; b) les Égyptiens des Balkans (Égyptiens et Ashkali) ; c) les branches orientales (Doms, Loms et Abdal) ; d’autre part, les groupes tels que les Travellers, les Yéniches et les personnes que l’on désigne par le terme administratif de « Gens du voyage » ainsi que celles qui s’auto-identifient comme Tsiganes. La présente note a vocation explicative et ne prétend pas constituer une définition des Roms et/ou des Gens du voyage."