Face aux tensions migratoires en Méditerranée, l’UE appelle à la Solidarité

Mercredi, 20 Septembre 2023

En visite à Lampedusa le 17 septembre 2023, une île italienne soumise à de fortes pressions migratoires, Ursula Von der Leyen a proposé un plan européen pour affronter l’urgence. Elle appelle en outre à plus de solidarité de la part des 27 face à une situation qui s’envenime depuis le début de l’été. 

Le plan dévoilé par la présidente de la Commission européenne est “destiné à gérer l’urgence” et vise à mieux répartir les demandeur·euse·s d’asile entre les pays européens, faciliter les retours et à prévenir la répétition d’épisodes d’arrivées massives. Le but est aussi de renforcer les forces de lutte contre le trafic d'êtres humains, d'accroître la surveillance aérienne et d'envisager une éventuelle nouvelle mission navale européenne en mer Méditerranée. 

De fortes tensions migratoires en Méditerranée 

Depuis le début de l’été, les tensions entre locaux·ales et migrant·e·s ont redoublé d’intensité sur de nombreux territoires méditerranéens, particulièrement sur l'île de Chypre, dans les villes de Limassol et Chloraka. En effet, de violentes attaques et manifestations visant des personnes racisées, notamment migrantes et réfugiées ont eu lieu. Néanmoins, l’île a besoin de la présence de migrant·e·s, ne serait-ce que pour préserver la santé économique du pays. Selon le ministre du Travail grec, "l'économie chypriote s'effondrerait sans les travailleurs migrants" et pourtant ! De nombreuses politiques extrémistes du gouvernement encouragent le racisme, les discours de haine, la xénophobie et l’intolérance au sein de la société chypriote.


Les défis parallèles auxquels Chypre et l’Italie sont confrontés témoignent de la complexité du débat de l’immigration en Europe - qui est d'ailleurs sujet à de nombreux amalgames - et sont représentatifs de la nécessité d’une action européenne concertée et coordonnée.  

La politique européenne d’immigration et d’asile 

Pour rappel, le Traité d’Amsterdam - conclu en 1997- accorde pour la première fois à l’Union européenne des compétences dans les domaines de l’immigration et de l’asile. En vertu de ce traité, l’Union a la capacité : 

  • D’établir les conditions d’admission et de séjour des immigrant·e·s légaux ;
  • D’encourager les États membres à mettre en place des mesures d’intégration ;
  • De prévenir et de réduire l’immigration irrégulière, notamment en adoptant une politique de retour des migrant·e·s clandestin·e·s et en concluant des accords de “réadmission” avec des pays tiers. 

Néanmoins, chaque État membre conserve le droit de décider du nombre de ressortissant·e·s de pays tiers autorisé·e·s à entrer sur son territoire dans le but de trouver un emploi. Les États ont aussi la possibilité de rétablir temporairement les contrôles aux frontières nationales en cas de menace pour l’ordre public ou la sécurité. 

Face aux failles de la politique d’asile européenne en matière migratoire, l’Union européenne souhaite conclure un Pacte sur la migration et l’asile d’ici l'été 2024. Simplement, ce Pacte visera à renforcer les contrôles aux frontières, organiser la gestion de l'asile, faciliter l'immigration légale, et promouvoir la solidarité entre les États membres face aux pressions migratoires.