Combien coûtent les inégalités? Si la question peut sembler étonnante et complexe aux premiers abords, elle semble désormais vitale pour une véritable prise en compte de la parole des femmes sur ces sujets dans le débat public. La Fondation des Femmes en France qui publie ce rapport rédigé par Lucile Peytavin et Ginevra Bersani (toutes deux membres de l’association « Genre et statistique ») estime que si les inégalités hommes/femmes ne sont pas abordées sous l’angle des pertes financière, avec des chiffres forts à la clef, la question n’intéresse pas la sphère publique française.

Le rapport est téléchargeable ici (uniquement en langue française) 

Comment déterminer le prix des inégalités hommes-femmes ?

118 milliards selon l’hypothèse « haute » ou 102 milliards selon l’hypothèse « basse », c’est l’estimation des deux chercheuses quant aux pertes pour la France dues à ces inégalités. Ces chiffres, pourtant déjà impressionnants, sont malgré tout largement sous-estimés. En effet, les chercheuses ont eu des difficultés à comptabiliser les coûts dans l’entièreté des domaines et notamment dans celui de la santé. S’étant basées sur les chiffres d’organismes officiels et sur des ouvrages de chercheur.se.s spécialisé.e.s, ce rapport propose un ordre de grandeur inédit des pertes de richesses pour la société entretenu par le patriarcat.

Des coûts pour la société

C’est donc sur ce point que la démarche des autrices se démarque. Loin de seulement s’intéresser aux coûts des inégalités pour les femmes elles-mêmes, elles se sont intéressées aux pertes engendrées pour l’entièreté de la société. Elles vont notamment comptabiliser les coûts qui découlent des comportements « virils », qui représentent une grande majorité du montant total puisqu’elles les estiment à 89 milliards d’euros.

Des coûts pour les femmes elles-mêmes

Si la littérature concernant le coût des inégalités pour les femmes est plus fournie, le constat reste toujours aussi alarmant. Les autrices ont alors choisi de délimiter leur sujet à ces 4 domaines :

• Les violences sexuelles et sexistes en s’intéressant aux coûts financiers qu’entraînent le viol, ses séquelles médicales et psychologiques.
• Les inégalités salariales qui sont toujours un facteur déterminant ;  les femmes gagnent en moyenne 19% de moins que les hommes en France aux mêmes niveaux de responsabilité en 2020.
• La santé qui reste le domaine le plus difficile à quantifier ; les autrices ont tout de même isolé des problématiques de santé touchant principalement les femmes.
• Le couple hétérosexuel, dont certains codes contraignent les femmes à des dépenses qui ne s’imposent pas nécessairement aux hommes. On peut penser à l’exemple très parlant de certains moyens de contraception comme la pilule.

Si le rapport est effectivement axé sur ces problématiques du prix des inégalités, les chercheuses ne manquent malgré tout pas de rappeler que le principal tribut payé par les victimes de ces discriminations reste le tribut humain. Chaque jour, d’innombrables femmes font face à ces difficultés. Des violences, aussi bien physiques que symboliques, des pressions et des injonctions de la société. Ce rapport, bien loin d’éluder ce fait, vient ajouter dans le débat public une nouvelle raison objective pour laquelle ces inégalités doivent prendre fin au plus vite, la raison financière.