Les immigrants se prononcent sur les politiques d’intégration

Mai 2012

Pour la première fois en Belgique, 1 027 citoyens d’origine non européenne nés à l’étranger ont livré leurs sentiments sur nos politiques d’intégration… Résultat : Ils apparaissent globalement satisfaits, apprécient énormément les cours de langues et d’intégration que leur impose la Flandre, et manifestent un grand appétit de participation politique.

L’enquête Immigrant citizens survey, cofinancée par la Commission européenne et la Fondation Roi Baudouin, a été menée dans 15 villes de Belgique, France, Allemagne, Hongrie, Italie, Portugal et Espagne. En Belgique 1.027 immigrés, principalement d’origine marocaine, congolaise et turque, à Bruxelles, Liège et Anvers ont été sondés.

Premier constat : trois immigrés sur quatre sont belges ou souhaitent le devenir. L’acquisition de la nationalité est perçue comme la clef de l’intégration. Le fait d’être belge les aide à décrocher un emploi, à s’investir dans leur quartier, à se sentir pleinement citoyen. Mais 26 % des sondés à Anvers, 22 % à Liège et 17 % à Bruxelles estiment être confrontés à un pouvoir discrétionnaire excessif, dans la procédure qu’ils doivent suivre.

Deuxième observation, les immigrés apprécient les cours de langue et d’intégration : à peine 5 à 7 % des personnes interrogées jugent inutiles les cours de langue qu’on leur propose ou qu’on les oblige à suivre (en Flandre). La plupart des immigrés sont polyglottes : 70 % maîtrisent le flamand, à Anvers ; 89 % maîtrisent le français, à Bruxelles et à Liège… Cela dit, parmi les sondés qui n’ont pas de travail, environ un tiers mentionnent une connaissance insuffisante de la langue comme un des écueils à l’obtention d’un emploi. Un problème qu’éprouvent principalement ceux qui ont le statut de réfugié, à Bruxelles et à Liège.

Troisième constat, les immigrants sont surqualifiés par rapport à l’emploi qu’ils exercent. Entre 36 % (à Liège) et 51 % (à Bruxelles) des immigrés sondés exercent un emploi salarié, principalement dans le secteur privé. A Bruxelles et Anvers, environ un tiers des immigrés qui ont un travail disposent en fait de qualifications supérieures au job exercé… La plupart de ceux qui disposent d’un diplôme ne le font pas reconnaître en Belgique. Peut-être à cause du taux élevé de refus d’équivalence (jusqu’à 28 % à Anvers).

Beaucoup regrettent qu’on ne leur propose que du travail non déclaré, surtout du côté francophone : 30 % des sondés sont dans ce cas à Bruxelles et à Liège, contre 16 % à Anvers. Les plus touchés sont les immigrés originaires d’Europe orientale, à Bruxelles, et ceux qui ne maîtrisent pas le français, à Liège.

Enfin, le constat de discriminations à l’emploi est très répandu : plus de 40 % des sondés l’ont éprouvé, à Bruxelles et à Liège ; 24 % à Anvers, où la population subsaharienne est davantage discriminée.

Notons enfin que les immigrés non européens souhaitent participer à la vie politique : plus de 70 % des sondés expriment le souhait de bénéficier du droit de vote… A Bruxelles, près de 10 % d’entre eux sont membres d’un parti politique.

Toutefois, les dernières statistiques officielles ne traduisent guère cet engouement : sur les 147 810 étrangers non européens admissibles au scrutin communal, à peine 6 439 (4 %) ont accompli les formalités d’inscription requises.