Le fléau des féminicides : une nouvelle étude des Nations Unies

Novembre 2022

A l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes du 25 novembre, l'ONU Femmes et l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) ont publié un nouveau rapport sur les féminicides à travers le monde. Une publication qui fait sens après la manifestation contre les violences sexistes et sexuelles qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes à Bruxelles ce dimanche 27 novembre.

La première partie du rapport des Nations Unies est sans appel quant à la gravité des chiffres relevés alors même que de nombreux féminicides manquent à l'appel à cause de la difficulté qu'ont rencontré les chercheur·euse·s à les identifier comme tels. Ce rapport a pour ambition de comparer de nombreuses données comme, par exemple, le lien entre le·la meurtrier·ère et la victime ou l'évolution des féminicides au cours de ces trois dernières années. 

En 2021, 45 000 femmes ont perdu la vie de la main d'une personne de leur entourage parce qu'elles étaient femmes, soit cinq femmes par heure. Cette situation ne change pas depuis plusieurs années et des mesures plus affirmées sont nécessaires pour mettre fin à ce fléau. Ainsi, cette étude est "un brutal rappel du fait que la violence à l’égard des femmes et des filles constitue l’une des atteintes les plus fréquentes aux droits de la personne dans le monde" (ONU Femmes et ONUDC). 

La seconde partie du rapport se concentre sur les solutions que les États peuvent apporter à ces constats. Cinq piliers d'actions sur lesquels les États peuvent s'appuyer pour mettre fin aux violences de genre sont proposés : 

  1. Le chiffrage et les preuves : assurer un meilleur comptage des féminicides permet de dresser un meilleur portrait des meurtriers et d'enrayer les schémas systémiques de discriminations de genre qui permettent aux féminicides de se (re)produire. 
  2. Lois, politiques et protocoles : les efforts politiques doivent être persévérés et s'inspirer du modèle latino-américain développé en 2018 par les deux offices des Nations Unies
  3. Centrer les réponses aux féminicides sur les survivant·e·s : le rapport souligne que les enfants des femmes assassinées ne sont pas assez pris en compte par les lois actuelles. Aussi, il est important pour les expert·e·s ayant rédigé le rapport que des cours de justice spécialisées sur les violences de genre soient mises en place car elles ont tendance à rendre des décisions mieux centrées sur les survivant·e·s et sont plus sensibles aux problématiques de genre. 
  4. Renforcer la société civile et les associations des droits des femmes : ces associations forment un volet non négligeable de la prévention contre les féminicides mais aussi la reconstruction des femmes qui y ont survécu. 
  5. Prévention : le changement culturel des institutions judiciaires et politiques qui sont biaisées par des constructions de genre est primordial pour que s'opère une baisse des féminicides. L'ONU propose aux institutions de s'inspirer de la méthode "Respect" qu'elle a mis en place1.

Ce nouveau rapport de l'ONU est donc une lecture indispensable pour les décideur·euse·s politiques en manque d'inspiration sur les mesures à mettre en place pour mettre un terme aux féminicides, paroxysme des violences de genre. 

 

1. UN Women WHO, Respect women: Preventing violence against women (2019).