Inégalités de genre dans l'Economie Sociale et Solidaire, l'effritement d'un imaginaire égalitaire
SAW-B vient de publier une étude révélatrice sur les inégalités de genre au sein de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS), mettant en lumière des disparités inquiétantes qui contrastent fortement avec l'engagement pour l'égalité souvent associé à ce secteur.
L'imaginaire égalitaire de l'ESS, qu'en est-il vraiment ?
Les femmes sont aux avant-postes dans l’ESS, où elles représentent 68% des salarie⋅é⋅s et un peu plus de 50% des bénévoles. Pourtant, en dépit de cette forte féminisation, l’égalité réelle demeure un objectif encore lointain. Les femmes occupent majoritairement des postes précaires et moins valorisés, tels que les emplois d’aides à domicile et d’aides-soignantes, souvent associés à des contrats à durée déterminée et des temps partiels. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : les femmes représentent 75% des effectifs en CDD et à temps partiel dans ce secteur. En outre, la sous-représentation des femmes dans les instances de gouvernance est significative : dans le secteur de la santé, par exemple, seulement 12% des femmes occupent des postes de cadre, contre 34% des hommes. Ce déséquilibre est également observé dans les mutuelles, fondations et coopératives, et se renforce dans les structures de plus grande taille (voir chiffres).
L'impératif d'une prise de conscience collective
Cette situation met en évidence une contradiction majeure : bien que l’ESS soit ancrée dans des principes de démocratie, de justice sociale et de solidarité, les stéréotypes et les rapports de domination qui traversent la société n'échappent pas au secteur, avec des inégalités de genre bien ancrées. Seule une prise de conscience collective et des actions concrètes permettront de faire évoluer ces dynamiques et de réellement incarner les idéaux portés par le secteur. Cela est d'autant plus vrai que, si les milieux progressistes sont eux aussi traversés par ces injustices, c'est au coeur de ces derniers (et dans l'ESS) que la parole peut plus facilement se libérer et la mobilisation s'organiser.
C'est dans cette dynamique que s'inscrit l’étude de SAW-B, dont l'objectif est de sensibiliser les acteurs de l’ESS à ces enjeux capitaux, et à proposer des pistes concrètes pour outiller celleux voulant remédier à ces inégalités. En s’appuyant sur les interviews de Fatima Ben Moulay (Vie Féminine), Géraldine Dujardin (Soralia) et Malika Hamidi (Plurivers’Elles), l’étude offre des recommandations précises pour améliorer la représentation et les conditions des femmes dans le secteur. Le message est clair : il est désormais impératif que les structures de l’ESS s’engagent activement à corriger ces déséquilibres et à mettre en œuvre des pratiques favorisant une véritable égalité de genre.
A ce sujet, POUR LA SOLIDARITE - PLS est engagé dans le projet Erasmus+ CAPSE (Collective Action for Parity in Social Economy), qui vise à atteindre plus d'égalité entre les femmes et les hommes au sommet des instances dirigeantes de l'économie sociale et solidaire.