Violences policières : de quoi parle-t-on ?

Mercredi, 29 Mars 2023

Depuis plusieurs années maintenant, les actes violents commis par la police sont pointés du doigt par de nombreux collectifs et organisations au niveau national (La Vérité pour Adama en France ou Justice pour Mehdi en Belgique)  mais également à l'international (Organisation des Nations-Unies, Amnesty International). De Paris à Téhéran en passant par Rio de Janeiro, le recours disproportionné et illégal de la force par la police est à l’origine de nombreuses blessures, mutilations voire décès de victimes civiles. A l’heure où les crises sociales et économiques, mènent de nombreux·euses citoyen·ne·s à battre le pavé pour une vie plus digne, en parallèle la répression policière se fait de plus en plus présente, pressante, et violente.              

QU’ENTEND-ON PAR VIOLENCES POLICIÈRES ? 

Amnesty International définit les brutalités policières comme des « violations des droits humains imputables à la police ; il peut s’agir de coups, d’injures racistes, d’homicides illégaux, d’actes de torture ou du recours aveugle aux forces antiémeutes lors de manifestations. » A cela, La Ligue des Droits Humains (LDH) ajoute que cette violence des forces de l’ordre résulte de « l’usage de la force [par un agent de police] qui sort du cadre prévu par la loi ».

Pour rappel, en Belgique, comme dans de  nombreux États démocratiques, le recours à la force doit répondre aux principes :
- de légitimité : l’action de la police doit se fonder sur un objectif légal  
- de nécessité : il n’y a pas d’autre moyen d’atteindre le résultat              
- de proportionnalité : recours proportionné par rapport à l’objectif recherché et au niveau de violence utilisé par la personne que l’on veut contraindre           
De plus, sauf rare exception, toute action de la police doit être précédée d’un avertissement.


CAUSES DES BRUTALITÉS POLICIÈRES

Comme le rappelle la docteure en sociologie Géraldine Bugnon, la littérature anglo-saxonne sur les violences policières identifie quatre type de facteurs explicatifs  :             

  1. les facteurs individuels : tant du point de vue du.de la policier·ère (l’impact des années d’expérience) que du civil (effet de la drogue ou troubles psychiques)    
  2. les facteurs organisationnels : propres à l’institution policière tels que la valorisation de la force physique et du courage ou la loi du silence à l’intérieur de l’institution            
  3. les facteurs environnementaux : propres aux lieux où surviennent les violences ; généralement les quartiers présentant un taux de criminalité élevé ainsi qu’une forte mixité ethnique sont plus souvent la scène de violences policières        
  4. les facteurs propres aux interactions sociales lors de la rencontre entre le.la policier.ère et le civil : le manque de respect ressenti par l’agent·e de police, ou encore le lieu et le moment où se passe l’intervention policière        

Par ailleurs, les États qui bafouent régulièrement d’autres droits humains comme la liberté d’expression ou la liberté de réunion pacifique, autorisent souvent la police à réagir violemment lors de manifestations.
 

Mais dans bon nombre d’États démocratiques d’autres éléments comme l’insuffisance/défaillance des lois, la discrimination raciale ou d’autres formes de discrimination, l’insécurité ou un conflit, et une impunité ancrée des agent·e·s de police ayant perpétré des actes violents voire un homicide, perpétuent le cercle vicieux, violent et parfois meurtrier de la police.              
 

COMMENT RETABLIR LA CONFIANCE ?  

« La confiance du public dans la fiabilité, la légitimité et l'intégrité des institutions de l'État et de leurs responsables de l'application des lois est le bien le plus précieux de toute société pacifique, juste et durable et le fondement même de la démocratie et de l'État de droit. [...] Nous exhortons donc les gouvernements et les dirigeants politiques à ne pas gaspiller inutilement la confiance de leur peuple, à s'abstenir de toute violence injustifiée, de toute coercition et de toute division, et à privilégier et promouvoir le dialogue, la tolérance et la diversité dans l'intérêt public commun de tous·tes ».

Voici un extrait de la déclaration publiée par trois rapporteurs spéciaux des Nations Unies, et approuvée par 40 autres expert·e·s indépendant·e·s, qui surveillent des problèmes spécifiques de droits de l'homme dans le monde.

De plus, comme le rappelle le professeur belge en sociologie David Jamar, pour retrouver une police digne de confiance il est important de « démanteler les ressorts de l’impunité policière afin de démanteler la police telle qu’elle est effectivement, au moins dans ses constructions (entre autres) racistes les plus irréversibles ».