Validisme institutionnalisé : l'invisibilisation du handicap dans le nouveau gouvernement français

Mercredi, 25 Septembre 2024

Le 21 septembre 2024, Michel Barnier a nommé les ministres composant le nouveau gouvernement français. Ce dernier ne compte aucun ministre ni secrétaire d'État dédié au handicap, invisibilisant ainsi complètement cette thématique essentielle.

Invisibilisation du handicap : un signal alarmant du nouveau gouvernement

Le nouveau gouvernement français ne compte aucun·e ministre ni secrétaire d'État dédié au handicap, effaçant ainsi toute représentation des personnes en situation de handicap. Le portefeuille du handicap, autrefois incarné par une ministre déléguée, a été fondu dans celui de l'autonomie. Réduire le handicap à une simple composante de l'autonomie, c'est minimiser les besoins et les droits spécifiques de 12 millions de personnes en France. Cela reflète non seulement un manque de considération, mais aussi une forme de validisme structurel, où le handicap est traité comme une question secondaire, plutôt que comme un enjeu prioritaire de justice sociale et d'égalité.

En plus de la disparition du secrétariat d'État et de la suppression explicite du mot "handicap", cette invisibilisation se retrouve dans la répartition des priorités gouvernementales. En effet, Paul Christophe, nouveau ministre des Solidarités, de l'Autonomie et de l'Égalité entre les femmes et les hommes est en charge de toutes ses thématiques. Bien qu'il ait tenté de rassurer les associations en promettant de s'occuper des questions d'inclusion et de lutte contre les discriminations, le fait de regrouper autant de responsabilités sous une seule personne soulève des inquiétudes légitimes quant à la prise en compte effectives des questions liées au handicap. L’absence d’interlocuteur·ice dédié·e aux personnes en situation de handicap est perçue comme une régression, laissant ces citoyen·ne·s sans voix ni représentation claire au sein du gouvernement. Cette approche reflète une méconnaissance des réalités du handicap et renforce la marginalisation des personnes qui subissent au quotidien ce manque d’inclusion.

Une régression face à des changements déjà lents

Il y a seulement trois semaines, la ferveur populaire autour des Jeux paralympiques donnait l’espoir d’un changement durable dans la manière dont la société française envisage le handicap. Les Jeux étaient perçus comme une opportunité de transformer les mentalités, d’encourager l’inclusion et de lutter contre le validisme. Il est incompréhensible qu’au moment même où l’on célèbre l’excellence et la résilience des athlètes paralympiques, le gouvernement choisisse d’effacer la thématique du handicap, marquant un retour assumé à une forme de validisme institutionnalisé.

Pour la première fois depuis le début des années 1980, le mot "handicap" disparaît complètement des responsabilités gouvernementales. Cette régression intervient alors que l’inclusion des personnes en situation de handicap progresse déjà lentement en France. Par exemple, bien que les lois sur l’accessibilité datent de 1975 et 2005, seuls 40 % des établissements recevant du public respectent les normes d’accessibilité. De plus, la condamnation de la France en 2023 par le Comité des droits sociaux du Conseil de l'Europe pour violation des droits des personnes handicapées souligne à quel point les avancées en matière de handicap sont au ralenti.

Ne pas négliger le handicap : un enjeu crucial pour les droits humains et l'inclusion sociale

En ne nommant pas de représentant·e dédié·e, le message est clair : le validisme ne sera pas combattu de manière proactive. Pourtant, le handicap ne peut être ignoré, car il s'agit d'une question de droits humains fondamentaux. En effet, le handicap est la première cause de discriminations en France totalisant 20 % des réclamations adressées au Défenseur des droits selon le . L'orientation prise par ce gouvernement traduit une absence de volonté d'améliorer l'inclusion ou de lutter efficacement contre les discriminations liées au handicap.

Il est essentiel de s'engager pour une société plus inclusive, où les personnes en situation de handicap ne sont ni marginalisées, ni invisibilisées. Lutter contre le validisme, c'est reconnaître et respecter les droits de millions de citoyens et s'assurer que chacun puisse participer pleinement à la vie sociale, économique et politique. Le choix du gouvernement de ne pas accorder de place spécifique au handicap envoie un signal d'indifférence face à des enjeux cruciaux de droits humains et d'égalité qu'il est pourtant crucial de considérer et de ne pas laisser de côté.

Six jours après la nomination du gouvernement Barnier, Charlotte Parmentier-Lecocq a finalement été nommée ministre déléguée au Handicap. Cette nomination est venue répondre aux nombreuses critiques formulées par les associations de défense des droits des personnes en situation de handicap. Bien que la création tardive de ce poste constitue un signe positif, elle ne dissipe pas entièrement les craintes liées à la place du handicap dans les priorités du gouvernement.

POUR LA SOLIDARITÉ-PLS s'engage activement dans la lutte contre le validisme, notamment à travers des projets comme APIA, qui visent à améliorer la prise en charge des besoins alimenataires des personnes en situation de handicap, particulièrement les adultes autistes, afin de favoriser leur bien-être et leur autonomie.