Un virage conservateur incertain pour la France, à la frontière de l'extrême droite
Ce jeudi 5 septembre, le président français Emmanuel Macron a mis fin à une période inédite de 51 jours sans gouvernement en nommant Michel Barnier Premier ministre. Le choix de cet homme politique conservateur, dont les positions sont parfois associées à l'extrême droite, soulève des craintes quant à une possible radicalisation des politiques publiques et à l'influence accrue d'idées nationalistes dans un pays déjà confronté à des divisions profondes
M. Barnier un homme conservateur qui flirte avec l’extrême droite
Michel Barnier, a occupé de nombreux postes d'importance, notamment député à l'Assemblée nationale, ministre, député et commissaire européen, et s'est fait connaître sur la scène internationale en tant que négociateur du Brexit. Lors de sa tentative de se présenter à l’élection présidentielle de 2022, Barnier s'est affirmé comme un grand défenseur du libéralisme économique, s'opposant à divers progrès sociaux et parlementaires.
Par ailleurs durant la campagne électorale à laquelle il a tenté de participer, il a tenu des discours stigmatisant les personnes immigrées, les associant fréquemment à l'insécurité et au terrorisme, des propos qui rappellent les discours du Rassemblement National (RN), parti d'extrême droite, nationaliste fondé par des néo-nazis. Ce rapprochement idéologique se manifeste également dans ses propositions, telles que la suppression de l'aide médicale d'État, ainsi que l'instauration d'un moratoire sur l'immigration en Europe, des mesures fréquemment mise en avant par l'extrême droite.
Ses positions sur les questions sociétales semblent également déconnectées des évolutions contemporaines. En 1981, il a voté contre la dépénalisation de l'homosexualité, et en 1982, il s'est opposé à l'accès libre et gratuit à l'IVG. Les positions actuelles de Michel Barnier sur les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+ ne sont pas connues avec précision. Cependant, en observant l'orientation du parti auquel il appartient, une idée de ses positions semble se dessiner.
Par exemple, au niveau européen, le groupe PPE, dont font partie les députés Les Républicains (LR), n’a pas de ligne claire sur les droits des femmes et s'abstient ou s'oppose fréquemment aux propositions visant à promouvoir l'égalité de genre. Cela se retrouve aussi à travers les amendements déposés par des sénateurs LR contre la constitutionnalisation de l’IVG.Ces positions dressent un tableau préoccupant pour les minorités, alimentant les craintes d'une radicalisation des politiques sous son gouvernement.
Un déni de démocratie ?
En nommant un Premier ministre conservateur issu d’un parti minoritaire à l’assemblée E. Macron s’engage dans une dérive autoritaire inquiétante et bafoue la démocratie française. Le président a ainsi ignoré les résultats des élections législatives où la gauche, bien que sans majorité absolue, est arrivée en tête. Traditionnellement, le Premier ministre est issu de la coalition majoritaire, mais en écartant la gauche, Macron a envoyé un message clair : le résultat des urnes n'a que peu d'importance face à sa décision personnelle.
Si Michel Barnier occupe cette position, c'est essentiellement parce que le RN a annoncé qu'il ne voterait pas de motion de censure contre lui. Ce choix montre que c’est le RN qui tient désormais les rênes et influence directement l’équilibre politique, se positionnant ainsi en d’arbitre ou censeur. En outre, le soutien tacite du RN au gouvernement de Barnier, soulèvent des questions démocratiques préoccupantes. En ignorant la gauche et en s'appuyant sur un parti d'extrême droite, Macron contribue à la banalisation de ce dernier, en contradiction avec le vote républicain majoritaire de juillet, où une grande partie des électeurs, de droite comme de gauche, s'étaient mobilisés contre le Rassemblement National. Nommer un Premier ministre dont le parti a recueilli moins de 10 % aux élections, et dont le programme conservateur satisfait l'extrême droite, semble être un détournement de la volonté populaire. Ce choix reflète une dérive autoritaire, où les décisions du président priment sur les résultats des urnes, au mépris des équilibres démocratiques.
Une menace pour les droits des minorités
Des inquiétudes profondes émergent quant à la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre, non seulement pour la démocratie, mais aussi pour les droits humains et la protection des minorités. Avec le soutien tacite du RN à la nomination de Barnier, il est légitime de s'inquiéter d'un durcissement des politiques publiques, notamment en matière d'immigration, de justice sociale et de protection des droits individuels. Le RN, connu pour ses positions racistes, xénophobes et anti-immigration, LBGTphobe influence déjà le discours politique, et cette alliance de fait entre un gouvernement conservateur et l'extrême droite pourrait avoir des conséquences directes sur les droits et libertés fondamentales des personnes appartenant à une minorité.