Un déferlement raciste sur l'île britannique

Mercredi, 14 Août 2024

Depuis le 29 juillet dernier, le Royaume-Uni a traversé une période d’émeutes et de violences racistes déclenchées par une manipulation grossière des groupuscules d’extrême droite.

L'escalade des violences...

De violentes émeutes ont récemment agité l’île britannique à la suite d'une attaque au couteau dans l'ouest de l'Angleterre, qui a tragiquement coûté la vie à trois jeunes filles et blessé plusieurs autres personnes. Rapidement, un tweet mensonger a circulé sur les réseaux sociaux, prétendant que le suspect de 17 ans était un réfugié musulman sans papiers, arrivé illégalement sur le territoire. Cette fausse information a enflammé les esprits, entraînant une escalade des violences particulièrement inquiétante : ces dernières ont ciblé des mosquées et des hôtels hébergeant des demandeur⋅euse⋅s d'asile, provoquant un climat de peur et de chaos. Plus de 400 personnes ont été arrêtées jusqu'à présent, et les violences se sont étalées sur de nombreux jours en dépit des efforts déployés par les forces de police pour rétablir l'ordre.

... comme conséquence du travail de sape mené par l'extrême droite

L’envergure de ces violences révèle à nouveau le rôle dévastateur de la désinformation et de l'extrême droite dans l'embrasement des tensions sociales. Ces émeutes sont le produit d’un "opportunisme" manifeste de la part des activistes d'extrême droite, qui mobilisent divers groupuscules néonazis et anti-immigration pour créer le chaos. Cela vient parachever leur travail de sape mené depuis de nombreuses années, notamment au sujet des traversées de la Manche dans des embarcations de fortune. 

Un tel travail repose sur plusieurs fondements : le premier, représenter les personnes migrantes comme étant une population dont les antécédents ne sont pas vérifiés, donc comme potentiellement criminelle. Cette vision s’inscrit dans une logique de stigmatisation systématique : en instaurant l'idée que les personnes migrantes sont intrinsèquement suspectes, cela crée une ambiance de méfiance et de peur qui alimente la polarisation sociale, pouvant conduire à des situations comme celle de ces dernières semaines en Angleterre.  A cela s’ajoute le fait que la population immigrée soit dépeinte comme en concurrence avec les classes populaires de la population majoritaire. En déviant l’attention des véritables sources d’inégalités, ce discours alimente une division artificielle entre les travailleur⋅euses, qui, au lieu de se rassembler pour contester le système économique inégal, se voient opposés les un⋅e⋅s aux autres. Enfin, persiste un insupportable racisme culturel - que l’on pourrait, dans ce cas précis, qualifier de racisme antimusulman - qui véhicule l'idée qu’il y aurait une incompatibilité culturelle entre l’islam et l’Occident.

Une nécessaire ripose antirasciste

Face à cette montée de haine, des milliers de manifestant⋅e⋅s ont à leur tour pris les rues le 10 août pour exprimer leur solidarité antiraciste et condamner les violences d’extrême droite. Ces rassemblements marquent une réponse ferme à la montée des discours de haine et montrent que la résistance contre la violence raciste est vive et déterminée. Somme toute, cette crise est un rappel urgent que la lutte contre le racisme nécessite une vigilance constante, une solidarité active et une régulation stricte des mécanismes de désinformation. La réponse de la société civile et des autorités sera déterminante pour endiguer cette vague de violence et construire un avenir plus juste et équitable pour tous⋅tes