Suspension des demandes d’asile syriennes : la Belgique suit la tendance européenne

Mardi, 10 Décembre 2024

Ce lundi 9 décembre, la Belgique a décidé de suspendre les demandes d'asile des réfugié·e·s syrien·ne·s. Cette annonce, survenue seulement 24 heures après la chute du dictateur Bachar al-Assad, soulève de vives interrogations sur le respect des droits humains et des droits des réfugié·e·s, alors que la situation en Syrie demeure marquée par une profonde instabilité et une grande incertitude.

L’Europe ferme ses portes aux réfugié·e·s syrien·ne·s malgré l’incertitude

La Belgique a décidé, de suspendre temporairement le traitement des demandes d’asile des Syrien·ne·s, une décision prise à peine 24 heures après la chute de Damas aux mains du groupe de rebelle Hayat Tahrir al-Cham (HTC). Cette mesure rapide intervient alors que 4.725 nouvelles demandes d’asile syriennes ont été enregistrées en 2024. Cette suspension reflète une tendance européenne : des pays comme l’Allemagne, l’Autriche, la Suède et le Royaume-Uni, l’Italie, le Danemark ont pris des décisions similaires.

Pourtant, la situation est instable, il demeure des tensions religieuses et ethniques, et il n’y a aucun gouvernement structuré. De plus, la géopolitique régionale est profondément  instable : Israël a déjà envahi le plateau syrien du Golan, exacerbant les inquiétudes sur la sécurité et l’avenir de la région.

Une décision influencée par les idées d’extrême droite

La suspension rapide des demandes d’asile syriennes par plusieurs pays européens traduit l’influence croissante des partis d’extrême droite sur les politiques migratoires. Ces partis, en pleine progression électorale, ont réussi à imposer leur discours de haine et de rejet de l’immigration comme une priorité dans les débats publics. Par exemple, en Allemagne, en pleine campagne électorale, des figures politiques conservatrices n’ont pas hésité à proposer des primes pour inciter les réfugié·e·s syrien·ne·s à rentrer dans leur pays.

Ces décisions rapides interviennent malgré les appels à la prudence du Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugié·e·s (HCR), qui a rappelé lundi la nécessité de "patience et de vigilance" face à une situation syrienne encore instable.

Une atteinte aux droits humains et au principe de protection

La suspension des demandes d’asile syriennes va à l’encontre des principes fondamentaux du droit d’asile et des droits humains, en particulier dans un contexte où la Syrie demeure profondément instable. Malgré la chute de Bachar al-Assad, le pays reste plongé dans une insécurité politique et sociale, ainsi que l’absence de garanties de sécurité pour les populations civiles. Forcer ou inciter au retour dans de telles conditions revient à mettre en danger les réfugié·e·s, souvent vulnérables, et à ignorer leur droit à une protection internationale.

Celleux qui s'efforcent depuis des années de reconstruire leur vie ne devraient pas porter le poids des conséquences d'une réévaluation de la situation à Damas. Ces décisions, motivées par des préoccupations sécuritaires et électorales, ne visent pas à garantir la sécurité des individus, mais reflètent des politiques de rejet aux antipodes des valeurs de solidarité et de dignité humaine.

Il est crucial de plaider pour un accueil digne et responsable, respectueux des droits fondamentaux, en s’opposant fermement à ces politiques de rejet. Accueillir dans la dignité n’est pas seulement une question morale, mais une obligation légale et humanitaire face à une crise qui reste loin d’être résolue.