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RSE et crise sanitaire : "healthwashing" ou incarnation de valeurs sociales ?

Vendredi, 3 Avril 2020

Face à une crise sanitaire mondiale sans précédent, des entreprises puisent dans leurs valeurs sociales pour proposer des solutions pratiques.

La RSE, engagement effectif ou outil marketing?

La responsabilité sociétale des entreprises, ou RSE, est un concept englobant les différents principes auxquels adhèrent les entreprises, notamment en matière sociale et environnementale. Il s'agit d'un outil de réalisation des objectifs de développement durable par les entreprises. Au niveau européen, elle a été définie comme étant : 

"L'intégration volontaire, par les entreprises, de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantes" , ou plus largement, "la responsabilité des entreprises vis-à-vis des effets qu’elles exercent sur la société

Depuis plusieurs années déjà, un débat existe autour de l'effectivité, voire de l'utilité, des normes de RSE : la RSE est-elle une réelle avancée favorisant l'égalité et le bien-être social, la promotion de la cause environnementale ou est-elle un écran de fumée destiné à convaincre consommateur-rice-s et investisseurs sans qu'aucun engagement concret n'ait été pris et mis en oeuvre ? 

POUR LA SOLIDARITE-PLS voit dans la RSE la concrétisation de l'opportunité qu'ont les entreprises de jouer un rôle sociétal renforcé. C'est un moyen, un instrument, permettant d'avancer parfois plus loin et/ou plus vite vers une amélioration des conditions sociales et environnementales dans lesquelles évoluent les entreprises qui se veulent actrices de changement. 

Des entreprises à l'origine d'initiatives sociétales

La crise sanitaire – et économique – que nous traversons actuellement offre un spectre d'analyse de cette question particulièrement intéressant. À l'heure où l'économie traditionnelle est au ralenti, si ce n'est à l'arrêt, des entreprises agissent effectivement en faveur d'une amélioration des conditions de vie ou, à tout le moins, tentent de contribuer (avec les moyens souvent considérables qui sont les leurs) à la mise en place de solutions rapides et efficaces pour faire face à cette crise.

Par exemple, des entreprises automobiles se sont lancées dans la fabrication de respirateurs artificiels afin de répondre à la pénurie qui frappe plusieurs pays d'Europe. D'autres marques ont adapté leurs chaines de production afin de fabriquer des produits sanitaires, également en pénurie ; c'est le cas de LVMH qui a modifié ses chaines de production, initialement dédiées aux parfums et cosmétiques, pour produire du gel hydroalcoolique. Cet élan touche divers secteurs, y compris celui de la production de boissons alcoolisées. Ainsi, Pernod Ricard et Diaego fournissent les laboratoires avec des millions de litres d'alcool. D'autres, comme Sodexo, ont opté pour un soutien financier:  le CEO et le comité de direction renoncent pendant six mois à une partie de leur salaire pour approvisionner un fonds de soutien pour les salarié-e-s les plus précarisé-e-s du groupe.  

D'autres entreprises se sont associées pour aider les personnes malades et le personnel soignant : en France, le Collectif d'entreprises pour une économie plus inclusive, la Simplon Foundation et "La France, Une chance : les entreprises s'engagent" ont lancé l'initiative #GardonsLeLien visant à permettre aux patient-e-s atteint-e-s du Covid-19 et placé-e-s en isolement de garder le lien avec leur famille. Dans ce cadre, des milliers de tablettes numériques seront acheminés vers les hôpitaux et autres structures de soin pour assurer la connexion entre les malades et leurs proches. En parallèle, Pôle Emploi a livré 500 litres de gel hydroalcoolique à différents hôpitaux français. Du côté des organismes assureurs, la MAIF a décidé de redistribuer 100 millions d'euros, "économisés" grâce à la diminution du nombre d'accidents de voiture, à ses sociétaires : ces personnes pourront choisir entre bénéficier de ce montant ou le verser à une association particulièrement active dans la lutte contre la pandémie. De plus, la MAIF accorde une attention particulière aux membres du personnel soignant et hospitalier ainsi qu'aux personnes les plus en difficulté en cette période de confinement.

D'autres encore se sont engagées en proposant des repas gratuits au Samu social (c'est le cas de Metsens) et aux personnes les plus fragiles, dont notamment les personnes handicapées (c'est le cas de Gourméditerrannée, en association avec APF France handicap, Service 115, l'Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille et l'Hôpital d'instruction des armées Laveran).

Dans le même ordre d'idées, Spadel a décidé de mettre à disposition gratuite du personnel soignant et des personnes isolées des centaines de milliers de bouteilles d'eau.

Ceci souligne l'importance de la RSE comme instrument d'action sociale : sur la base de leurs engagements éthiques, certaines entreprises fondent des démarches concrètes tendant à améliorer la situation à plus ou moins grande échelle. La plupart du temps, aucune obligation légale ne les y contraignait mais elles ont pourtant choisi de changer leur mode opérationnel pour l'orienter vers des causes sociétales. 

La nécessité d'ancrer le travail des entreprises dans les réalités sociales

"Healthwashing" ou non, il est important de souligner ces quelques initiatives d'entreprises et leurs retombées positives concrètes pour la société dans son ensemble (notamment pour le secteur hospitalier, gravement impacté par la crise actuelle) afin d'encourager un mouvement global de solidarité entre tous les membres de la société, y compris les entreprises !

Aujourd'hui, encore plus qu'avant, il est essentiel que les entreprises comprennent qu'elles ont des armes pour intervenir et, sur base de cela, qu'elles agissent en tant qu'actrices de la société. PLS invite toutes les entreprises, petites et grandes, à faire de la RSE et de leurs engagements un instrument d'action sociale en faveur d'une société solidaire.