Pologne : une dégradation alarmante de la condition des personnes LGBTI+

Vendredi, 23 Août 2019

C’est de manière récurrente que les participant-e-s à la Gay pride polonaise se font insulter, huer ou reçoivent des projectiles de la part de militant-e-s anti-LGBT. Le climat de tension qui règne autour de ces rassemblements qui célèbrent la diversité et lutte pour la reconnaissance des personnes LGBTI+ n’est qu’une illustration d’un basculement idéologique plus large et d’autant plus inquiétant.

L’émergence de la notion « d’idéologie LGBT »

Depuis quelques mois déjà, des voix s’élèvent dans le pays en agitant la menace d’une « idéologie LGBT ». Cette notion est notamment défendue et diffusée par l’Eglise catholique polonaise. Restée très influente dans le pays, certains de ses membres hauts placés ont attaqué la communauté LGBTI+, l’accusant de détruire les valeurs polonaises pour imposer ses propres normes qu’ils jugent décadentes. A ce titre, l’archevêque de Cracovie, Marek Jędraszewskide, a dénoncé la venue de la « peste arc-en-ciel » lors d’une homélie le 1er aout 2019.

Suivant ces préceptes, les militant-e-s anti-LGBT défendent leur liberté à s’opposer à ce qu’iels qualifient « d’idéologie », rejetant ainsi les personnes LGBTI+. C’est dans cette mouvance que le Journal d’extrême droite Gazeta Polska a ajouté à son édition du 24 juillet 2019 des stickers sur lesquels il était inscrit « zone anti-LGBT » proposant aux commerçants de les apposer sur la devanture de leur magasin. Bien que condamné par la justice, aucune sanction n’a été prise à l’encontre du journal et la distribution ne s’est pas arrêtée.

Une inaction des pouvoirs publics face à la hausse des discriminations

Jusque-là interdit par le droit polonais, un revirement de jurisprudence en date de juin 2019 autorise maintenant ces pratiques, menaçant l’intégrité des droits des personnes LGBTI+. En effet, à la demande du ministre de la Justice, le conseil constitutionnel polonais a statué sur une affaire de 2016 dans laquelle un commerçant avait été condamné pour avoir refusé de servir des personnes LGBTI+. A la surprise générale, la plus haute juridiction du pays a estimé que cela relevait de la liberté économique et d’opinion de ce dernier et qu’il avait donc agit en conformité avec la loi.

Face à une situation de plus en plus alarmante, des organisations de défense des personnes LGBTI+ ont manifesté à Varsovie à la mi-juillet pour réclamer une table ronde des droits des personnes LGBTI+. Ils n’ont obtenu aucune du gouvernement d’extrême dont la lutte contre « le lobby LGBT » est un des arguments électoraux principaux. Traditionnellement hostile à l’encontre de la communauté LGBT, le Parti Droit et Justice (PiS) renforce d’autant ses positions que les élections législatives approchent, en octobre prochain. Ainsi, il est difficile d’imaginer l’amélioration de la condition des personnes LGBTI+ en Pologne, un pays déjà classé 39è sur 48 dans la rainbow map 2019.