Les Jeux Paralympiques (2024), récit d’inclusion malgré un solide biais validiste
À quelques semaines du lancement des Jeux Olympiques Paralympiques (JOP) 2024, souvent célébrés comme le phare de l'inclusion et de la déconstruction des stéréotypes sur le handicap, l’aspect validiste sous-jacent de l'évènement pose question.
Un "para" qui stigmatise et segmente
Les JOP offrent une visibilité précieuse aux personnes handicapées, mais ils ne sont pas exempts de critiques sur leur biais validistes, c'est-à-dire des discrimination ou oppressions envers les personnes en situation de handicap, favorisant les individus dit valides. Le préfixe grec "para", signifiant "à côté de", révèle une vérité inconfortable : les JOP sont conçus comme un appendice des véritables compétitions sportives. Cette vision marginalise le sport paralympique en faisant d'eux un spectacle secondaire, souvent négligé par les médias. Effectivement, depuis leur première retransmission en direct en France en 2016, les JOP bénéficient d'une couverture médiatique limitée et biaisée, favorisant les athlètes avec des handicaps physiques visibles au détriment de celleux avec des handicaps moins apparents - qui représentent pourtant la majorité. En perpétuant cette séparation, les JOP renforcent la hiérarchisation des vies dans notre société. Une réforme telle que l'intégration des Jeux Olympiques Paralympiques dans le même calendrier que celui des Jeux Olympiques, avec une cérémonie d’ouverture et de clôture unique, pourrait être une étape décisive vers une véritable égalité.
L’échec manifeste de l’accessibilité de la ville-hôte
En outre, à Paris, ville hôte, la promesse d’accessibilité pour tous⋅tes semble un vœu pieux. Seulement 3 % des stations de métro sont accessibles à tous les types de handicap, et les bus censés être accessibles aux personnes à mobilité réduite (PMR) affichent des dysfonctionnements chroniques. Avec seulement 28 % des lignes de bus en Île-de-France réellement accessibles et des gares de RER encore entravées par des problèmes d'ascenseurs, ladite accessibilité universelle demeure illusoire. En invitant des athlètes paralympiques dans un cadre où l'infrastructure de la ville est loin de répondre à leurs besoins quotidiens, les Jeux Paralympiques continuent de renforcer la vision validiste qu’est la hiérarchisation des vies entre personnes valides et handicapées.
Le nettoyage social pré-Jeux aux lourdes conséquences
Enfin, les récentes données sur les expulsions en Île-de-France, couvrant la période d'avril 2023 à mai 2024, révèlent une augmentation alarmante de 38,5 % par rapport à la période précédente, avec 12 545 personnes concernées, dont 3 434 mineures, soit presque trois fois plus qu'en 2021-2022. Les politiques publiques en vigueur semblent visiblement utiliser les JO et JOP comme une opportunité pour intensifier l'invisibilisation et l'exclusion des populations vulnérables. En plus de la violence sociale de telles politiques, cette dynamique est profondément critique du point de vue de la lutte contre le validisme. Comme le souligne l’association "Les Dévalideuses" dans un billet de blog Médiapart, : “les exclu⋅e⋅s deviennent souvent handicapé⋅e⋅s, sont exclu⋅e⋅s du soin, du droit au logement, de la vie digne en général. Et les handicapé⋅e⋅s sont vulnérabilisé⋅e⋅s, majoritairement précaires, tenu⋅e⋅s à distance de leurs droits à la vie digne, aux déplacements, au logement”.
Ainsi, bien que les JOP 2024 apportent une visibilité évidemment nécessaire aux athlètes handicapé⋅e⋅s, ils révèlent exposent aussi les failles d'une inclusion réelle, tout en servant de couverture à des politiques de nettoyage social qui aggravent la marginalisation des plus précaires. Il est urgent de déconstruire ce validisme institutionnalisé et de redéfinir l'inclusion non pas comme un ajout marginal, mais comme un véritable pilier de notre culture sportive.