Vue sur le Colisée de Rome

Le Sénat italien rejette une loi anti-discrimination

Vendredi, 5 Novembre 2021

Mercredi 27 octobre 2021, la chambre haute du Sénat italien a rejeté une loi qui aurait permis de punir les auteurs de violences envers les personnes LGBTQIA+.

« Une page noire pour la démocratie et les droits. ». La réaction d’Alessandro Zan (PD, centre-gauche) est amère. Lui, qui avait été le principal architecte de cette proposition de loi qui devait porter son nom, emploie des mots durs à l’égard du Sénat : « [Il] a décidé de rester loin des exigences réelles » du pays.

Une loi progressiste soutenue par la population

Les chiffres semblent lui donner raison. Alors que la loi a été rejetée à 154 voix contre 131, 62% des Italiens y étaient pourtant favorables, selon un sondage Demos & Pi. Elle aurait permis de donner un cadre légal à la lutte contre les discriminations basées sur le sexe, l’identité de genre, l’orientation sexuelle et le port d’un handicap. Elle prévoyait, entre autres mesures, des peines allant de six mois à quatre ans de prison pour les auteurs de violences basées sur ces motifs, mais aussi une augmentation des financements pour les associations luttant contre ces discriminations et soutenant les personnes ciblées par elles.

Italie, un pays divisé concernant les droits des personnes LGBTQIA+

Cet échec se joint à une longue liste de tentatives de réformes avortées. Traditionnellement, deux puissances politiques font barrage à un progrès sur ces questions : l’extrême-droite et le Vatican.

L’opposition de l’extrême-droite, menée par le leader de la Ligue Matteo Salvini, est motivée par la crainte qu’une telle loi n’empiète sur la « liberté d’expression » des citoyens et participe à une « propagande homosexuelle » dans les écoles, faisant référence à la volonté du texte de loi de faire du 17 mai la « journée nationale contre l’homophobie ». Des arguments qui ne sont pas sans rappeler ceux ayant motivé de la « loi de la honte » hongroise.

Le Vatican, quant à lui, avait exprimé ses préoccupations dans une sortie remarquée en juin dernier. Un document diplomatique interne à destination des autorités italiennes, rendu publique, faisait état des craintes du Saint-Siège concernant la « liberté de pensée » de ses prêtres. Les autorités vaticanaises avaient peur que la notion trop floue de « discrimination » ne laisse libre cours à l’interprétation des magistrats quant à la définition de ce qui aurait constitué un crime. L’expression de la doctrine officielle de l’Église considérant l’homosexualité comme un « péché », par exemple, aurait ainsi pu risquer d’être réprimandée.

Gaynet Roma, un groupe actif dans la défense des droits des personnes LGBTQIA+, considère ce vote comme « une claque dans la figure de la majorité de la population ».