La reconnaissance de la réalité des féminicides en Belgique : aller au-delà d'une qualification pénale

Mercredi, 24 Mars 2021

Face à l’urgence qu’il y a de prévenir les violences faites aux femmes, la Ligue des droits humains (LDH) déplore dans un communiqué le manque de mesures, protectrices comme dissuasives, prises par le gouvernement fédéral belge pour prévenir les féminicides.

Inscrire dans le droit pénal n’éradique pas le fléau

Alors que le gouvernement fédéral étudie depuis le 20 septembre 2020 l’inclusion « du féminicide dans le nouveau code pénal », la LDH alerte : la pénalisation du féminicide est loin d’être suffisante. Plus encore, elle comporte des risques collatéraux. Parmi ceux-ci :

  • Cela occulte l’urgence qu’il y à mettre en place des mesures utiles en matière de prévention et d’accompagnement des victimes de violences de genre.
  • Cela alimente le risque d’incriminations symboliques, généralement non-suivies d’effets concrets.
  • Cela risque d’invisibiliser plus encore le phénomène.

Un plan d’urgence, plus ambitieux et plus vaste attendu

Alors, l’accent doit être mis sur l'application de dispositifs plus larges et ce, sans plus attendre. La prévention, la récolte et l’analyse de données – pour rendre compte au plus près du fléau et de s’en emparer au mieux –, la lutte contre les facteurs sociaux favorisant ces violences, l’accessibilité élargie à la justice à cet égard, la sensibilisation de la société et des professionnel.le.s concerné.e.s ainsi que la constante promotion de l’égalité sont des axes dont il faut impérativement se saisir selon ce communiqué de la LDH, que POUR LA SOLIDARITE-PLS soutient.

Se contenter de la pénalisation du féminicide constitue bien souvent un symbole sans réelle plus-value. Souvent même, si rien n’est mis en place en parallèle, elle demeure contre-productive. Pour preuve, les actes de violences sont déjà incriminés dans le Code pénal qui considère d'ailleurs les violences conjugales au titre de circonstances aggravantes. Accorder une valeur juridique au féminicide est important certes, d’autant plus si cela visibilise le phénomène. Mais sans doute serait-il plus probant de prendre le problème plus sérieusement, à commencer peut être par un renforcement des politiques de prévention et des moyens qui y sont alloués.