La dégradation des droits LGBTQIA+ en Europe

Lundi, 14 Novembre 2022

La guerre en Ukraine a des conséquences dévastatrices sur les droits des LGBTQIA+ sur le territoire ukrainien. Cependant, cette tendance se répend et touche l'Europe de plein fouet. 

Les invasions russes en 2014 puis en 2022 ont attisé l'homophobie et la transphobie, déjà présentes en Ukraine. En effet, l'abolition de la criminalisation de l'homosexualité en Ukraine fête ses 31 ans en 2022 mais les droits LGBTQIA+ ont été fortement malmenés depuis 2014. D'ailleurs le mariage ou l'adoption ne sont toujours pas possibles pour les couples gays. De plus, la montée du nationalisme ukrainien accusant la différence d'être responsable de la guerre actuelle et la doctrine russe intolérante aux LGBTQIA+ relèguent cette abolition au rang d'un vague souvenir de liberté. 

Nombreux·ses sont donc les membres de cette communauté qui fuient leur propre pays et cherchent la paix dans les pays membres de l'Union Européenne. Les refuges ukrainiens sont débordés et demandent de l'aide, des dons et s'improvisent aide humanitaire sur le terrain. 

La situation inquiétante des personnes transgenres en Ukraine

La situation des personnes transgenres semblent être la pire. Ce constat est dressé par l'association ukrainienne de défense des droits de la communauté LGBTQIA+ Insight. En effet, la loi martiale interdit les hommes entre 18 et 60 ans de quitter le pays, les enfermant sur un territoire encore plus dangereux pour eux·elles que le reste des soldats. Cette mesure renforce les discriminaions envers les femmes qui n'ont pas eu le temps de finaliser leur transition et sont considérées comme des hommes.

A l'inverse, si ces personnes parviennent à quitter l'Ukraine, terminer leur transition dans les pays européens devient un second parcours du combattant. En effet, les hormones sont très faciles d'accès en Ukraine et ne demandent pas forcément de prescription médicale contrairement à la plupart des pays européens et ce n'est pas tout. La traduction européenne d'un diagnostic de transidentité ukrainien prend beaucoup de temps alors que le besoin d'hormones pour les personnes transgenres est urgent. 

Finalement, rester en Ukraine n'est pas non plus une solution envisageable pour ces individus qui se voient persécutés par les nationalistes ukrainiens qui les considèrent comme une menace pour l'identité ukrainienne. 

La diffusion des mouvements anti-genres en Europe : la propagande russe en action

La guerre en Ukraine a profité à la diffusion de l'anti-genre en Europe par la propagande russe. En effet, depuis une dizaine d'années, la Russie est vue comme le pays salvateur de la religion chrétienne et a inspiré par ses lois transphobes et homophobes certains partis conservateurs européens. La stratégie de la propagande russe est notamment d'inflitrer les congrès internationaux conservateurs et illibéraux pour y faire valoir les valeurs traditionnelles et la "famille naturelle". 

En Lituanie, les organisations non-gouvernementales et les partis conservateurs ont profité de la guerre en Ukraine pour reporter certains projets de loi porteurs de nouveaux droits pour la communauté LGBTQIA+. Leurs discours appelant à ne pas diviser la société lituanienne par des débats clivants en cette période de guerre a connu un grand écho parmis les Lituaniens. 

En Pologne, le parti populiste au pouvoir a été nourri de cette idéologie chrétienne illibérale et nationaliste inspirée par la Russie et son combat contre l'Occident. En 2019, la Pologne a mis en place des zones "sans idéologie LGBT" qui empêche les personnes issues de la communauté de manifester leur identité (interdiction de tracts, de manifestations...). Ces politiques rappellent fortement les mesures prises récemmenet en Russie. Fin octobre, la loi contre la "propagande LGBT" s'est aussi durcie et tous les films, médias, ouvrages et publicité qui promeuvent l'homosexualité sont désormais interdits.

 

La guerre en Ukraine ne devrait pas être un prétexte pour la montée de l'anti-genre en Europe mais au contraire, cette invasion devrait interroger sur ce qui nous différencie des gouvernements ultra-conservateurs et nous rappeler les valeurs de l'Europe : l'inclusion de tous·tes, la liberté des peuples et des individus et la défense des droits fondamentaux par dessus tout.