Journée mondiale de lutte contre le sida : une hausse des cas en Europe et des discriminations persistantes
Le 1er décembre marque la Journée mondiale de lutte contre le sida, une occasion pour mettre en avant le fait que les infections au VIH sont en hausse en Europe. C'est aussi un moment pour rappeler que les discriminations à l'encontre des personnes séropositives persistent et continuent de fragiliser leur intégration sociale et l'accès à leurs droits.
Des cas en hausse en Europe malgré un recul global
À l'occasion de cette journée, le milieu médical alerte sur la hausse inquiétante des cas de VIH en Europe. En Belgique, par exemple, le nombre de diagnostics a augmenté de 13% en 2023 par rapport à l'année précédente, ce qui marque la fin d'une tendance à la baisse observée depuis des années. Cette hausse touche une population de plus en plus variée, tant parmi les hétérosexuel·le·s que parmi les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes. Bien que les traitements antirétroviraux aient permis de contrôler efficacement la maladie et de réduire la transmission, la propagation du virus persiste. Les raisons de cette recrudescence sont multiples : les jeunes générations, qui n'ont pas connu les premières vagues de l'épidémie, semblent moins sensibilisées aux risques. Ajouté à cela le manque d'information et de sensibilisation, combiné à un accès limité aux outils de prévention dans certaines régions.
Pour limiter la propagation du VIH, il est crucial de renforcer les stratégies de prévention et de dépistage. Cela inclut une éducation sexuelle complète et régulière. Encourager l'utilisation du préservatif, faciliter l'accès aux traitements préventifs et promouvoir un dépistage, en particulier chez les jeunes et les populations à risque. Pour réussir à stopper cette hausse des cas, il est impératif d'agir à la fois sur l'information, la prévention et l'accessibilité aux outils de soins.
Les personnes séropositives sont toujours discriminées
En 2024, la société continue de nourrir des préjugés importants envers les personnes séropositives. Bien que le rejet social semble avoir diminué par rapport aux décennies passées, il reste encore des attitudes discriminatoires, notamment parmi les jeunes. Par exemple, 14% des Français·e·s se disent mal à l'aise à l'idée de fréquenter le même cabinet médical qu'une personne séropositive. La stigmatisation des personnes vivant avec le VIH demeure même au sein du milieu médical. En effet, lors du dernier congrès mondial du sida à Munich, des enquêtes ont révélé que 57% des soignant·e·s ont exprimé des inquiétudes à l'idée de réaliser des gestes médicaux, sur des patient·e·s séropositif·ve·s. Ces chiffres témoignent d'un manque d'information et d'une persistance des stéréotypes, même dans des contextes professionnels. Cette stigmatisation se traduit également par un sentiment de méfiance et de peur chez les personnes vivant avec le VIH, 84% d'entre elles expriment des préoccupations quant à la divulgation de leur statut, et 37% rapportent avoir subi une forme de discrimination dans les soins. Ce phénomène de sérophobie, alimenté par l'ignorance, a des conséquences lourdes tant sur le plan individuel que collectif. Il freine les efforts de dépistage et d'acceptation sociale, tout en nourrissant la peur de la maladie.
Comment lutter contre sa diffusion sans stigmatiser ?
Depuis 20 ans, il a été largement diffusé que le VIH ne se transmettait plus sous traitement efficace et que les personnes séropositives devaient être traitées comme toute autre personne atteinte d’une maladie chronique. Paradoxalement, ces messages, visant à informer et à réduire la stigmatisation, ont pu contribuer à l’idée que le sida n’était plus un problème. Il s’agit alors de continuer à prévenir et à sensibiliser pour endiguer la propagation tout en continuant de lutter contre les discriminations.