Journée mondiale de l’hygiène menstruelle : quand la précarité menstruelle vient accroître les inégalités

Mardi, 30 Mai 2023

Depuis 2014, la communauté internationale consacre chaque 28 mai une journée mondiale pour la santé, l’hygiène et la précarité menstruelles. L’objectif est de rompre le silence et de mettre enfin le sujet sur le devant de la scène.

Chaque jour, environ 800 millions de filles et de femmes (incluant les personnes transgenres), ont leurs règles à travers le monde. Cette réalité biologique universelle est pourtant entourée de tabous et synonyme d’accroissement des inégalités, tant l’accès aux protections hygiénique peut devenir un luxe ou un dilemme pour les plus précaires.

Le coût conséquent des protections hygiéniques

Selon les estimations, 500 millions de femmes à travers le monde se retrouvent touchées par des difficultés, voire une impossibilité, d'accès aux protections périodiques chaque mois. Cela représente donc plus de 6 femmes sur 10.

Cette précarité menstruelle s’explique évidemment par le coût des protections hygiéniques.  Celui-ci est extrêmement variable en fonction du type choisi, de la marque, des caractéristiques, etc. Pour bien estimer les dépenses liées aux menstruations doivent en outre être ajoutés des coûts liés au renouvellement des sous-vêtements et linge de lit, ainsi que l’achat éventuel d’antidouleurs et les visites de contrôle chez un gynécologue, médecin généraliste ou sage‑femme, dont la tarification varie également, notamment selon les territoires. 

Si les estimations diffèrent en fonction des choix opérés, elles s’échelonnent de 10 euros à 50 euros par mois. Les menstruations représentent donc un coût fixe et régulier.

Les conséquences de la précarité menstruelle

L’accès à des protections hygiéniques (tampons hygiéniques, serviettes jetables, culottes lavables réutilisables, protège-slips, éponges…) est donc un coût auxquels doivent faire face les femmes qui renforce les inégalités sociales.

La difficulté d’accès à des produits de qualité ou à des endroits sûrs pour changer leurs protections a un impact sur de nombreux aspects de la vie des filles et des femmes, et les empêche de participer pleinement à certains aspects de leur vie économique, sociale et familiale. Manquer l’école, être absente au travail, ou devoir quitter la maison pendant ses règles sont autant d’obstacles à l’égalité entre les femmes et les hommes car cela renforce le sentiment que les femmes et les filles sont moins légitimes dans l’espace public. L’UNESCO estime qu’en Afrique subsaharienne, une fille sur 10 en Afrique subsaharienne manque l’école lors de son cycle menstruel (ce qui représente 20% du temps scolaire perdu sur une année).

Dans ces conditions, la menstruation est un frein à l’égalité entre les sexes puisqu’elle empêche aux femmes de disposer de la même façon de l’espace public et des mêmes opportunités.

Certains Etats combattent dès à présent ces inégalités, comme l'Ecosse, qui a adopté en 2020 une loi rendant les protections gratuites pour toutes les femmes. Seulement, la précarité menstruelle fait face à d’autres problèmes plus systémiques : l'Unicef indique qu'une école sur trois ne dispose pas de "toilettes adéquates" dans le monde et que 23% des écoles ne sont dotées d'aucunes toilettes. Ce qui rend difficile, voire impossible, la gestion d'une bonne hygiène menstruelle.