Convention d'Istanbul : La Turquie porte un coup de grâce aux droits des femmes
Alors que l’on supposait venue l’heure d’un avenir moins amer pour les femmes voici que la Turquie décidait, ce samedi 20 mars 2021, de se retirer du traité d’Istanbul, laissant, par le fait, se déliter une condition féminine déjà mise à mal.
Dans la nuit de vendredi à samedi, Erdogan annonçait le retrait de la Turquie de la Convention d’Istanbul. Un décret aura suffit à faire sortir ce pays du premier traité international visant à imposer une législation réprimant les violences faites aux femmes. Ce dernier, signé par une trentaine de pays, impose des normes juridiquement contraignantes vis-à-vis des violences domestiques, des viols conjugaux ou encore de mutilations génitales. Cette décision, jusqu’alors tenue au stade de pourparlers, a été la poudre qu’il manquait au canon pour les femmes turques, pour l’opposition politique turque et plus globalement pour l’Europe. Des déferlantes de manifestantes et de manifestants ce sont donc tenues à Istanbul, Ankara et Izmir le samedi suivant cette annonce, pour le moins, amère. À ce propos, un rassemblement sera organisé place Schuman à Bruxelles ce 25 mars à 16h30 pour contester ce retrait.
Une stratégie politique meurtrière
Ainsi, l’opposition (Parti républicain du peuple), ou encore le maire d’Istanbul (pour n’en citer qu’une infime partie) mettent en exergue l’aspect dévastateur d’un tel abandon étatique à l’égard des femmes. Pour comprendre cette involution, il faut en saisir ses enjeux politiques. Car, bien que Zehra Zümrut Selçut (ministre turque aux multiples casquettes- famille, travail et services sociaux-) minimise l’impact de ce retrait en rappelant que la constitution du pays et sa réglementation intérieure feront actes de garantie pour le droit des femmes, il semble pourtant évident que l’enjeu principal n’est pas de faire évoluer les lois turques à ce propos. En effet, Erdogan voit plus loin et entrevoit le potentiel électoral polémique d’une telle prise de position; il lui faut rallier à lui le parti conservateur et leur donner du crédit face à leur défiance grandissante par rapport aux diverses crises économiques que connaît le territoire turc.
Un nouveau recul pour le droit des femmes
En ce sens, la vindicte nationale se fera féminicide, niant les 300 femmes mortes l’an dernier sous les coups de leur mari ou de leur ex compagnon dans l’ultime volonté de gagner quelques voix chez ceux qui voyaient ce traité comme un caillou pour l’unité familiale, un facilitateur de divorce, un terrain d’arguments pour une communauté LGBTQIA+ en mal de positionnement social. C’est donc tout en archaïsmes que la Turquie décide d’avancer, niant qu’à chaque moment de crise et de recul de l’état de droit ce sont les femmes qui se voient perdre les leurs. Il va de soi que POUR LA SOLIDARITE-PLS, condamne fermement cette triste nouvelle et se joint en soutien à toutes celles qui crient leurs souffrances.