Mère célibataire

Aider les familles monoparentales : proposition de loi d'une sénatrice française

Vendredi, 11 Juin 2021

Martine Filleul, sénatrice française socialiste, a déposé le vendredi 4 juin 2021 une proposition de loi visant à lutter contre la précarité des familles monoparentales. Dans l’écrasante majorité des cas, il s’agit de femmes vivant seules avec un·e ou plusieurs enfants. En France, 34,9% de ces familles, soit deux millions de personnes, vivent sous le seuil de pauvreté. Martine Filleul propose notamment un aménagement plus souple du temps de travail pour ces femmes, une extension des allocations familiales et un soutien accru pour celles désirant trouver un nouvel emploi après une longue période de congés de maternité.

Depuis les années 1990, le nombre de familles monoparentales a doublé en France. « La monoparentalité n’est plus un phénomène marginal » commente Martine Filleul, sénatrice française appartenant au Groupe socialiste. Aujourd’hui, 23% des familles françaises sont monoparentales. Ce phénomène, en constante augmentation depuis les années 1960, est dû à une mutation profonde de notre société et à un changement de ses mœurs amoureuses : une augmentation significative des divorces et des séparations, une diminution d’intérêt pour les mariages et remariages et une hausse de la conception d’enfants en-dehors d’un cadre matrimonial légal. Cette combinaison de facteurs fait que la majorité des parents de familles monoparentales sont des divorcé·e·s ou des séparé·e·s, alors qu’au siècle dernier ils étaient veuf·ve·s.

La monoparentalité, un mal qui touche particulièrement les femmes

Dans 84% des cas, les enfants de couples séparés vivent avec leur mère : la monoparentalité est donc le plus souvent une affaire de femmes. Or elles sont nombreuses à vivre dans la précarité : 34,9% des familles monoparentales vivent avec un revenu inférieur au seuil de pauvreté, c’est-à-dire 60% du revenu médian (885€ par mois). Les causes de ce chiffre sont liées aux grandes inégalités féminines classiques : en moyenne les femmes gagnent moins d’argent que les hommes, elles sont discriminées lorsqu’elles veulent postuler pour un emploi, etc.

Pour les moins chanceuses, la monoparentalité exacerbe encore plus les inégalités dont elles sont victimes et vient se surajouter à celles-ci, avec un pervers effet démultiplicateur : les femmes qui conçoivent un enfant jeune et qui ont été quittées par leur compagnon n’ont, en général, pas eu le temps de faire des études ou d’accumuler une expérience de travail suffisante, puisqu’elles étaient trop occupées à prendre soin de leur(s) enfant(s). Comment faire des études ou postuler pour un travail à plein temps lorsque l’on doit s’occuper d’un enfant de trois ans ? Les femmes qui disposent le moins de capital social (comme des parents qui peuvent s’occuper de son ou de ses enfants) ou économique (comment payer une crèche lorsque l’on est pauvre ?) sont donc celles qui auront le moins d’opportunité pour s’éduquer ou trouver un emploi stable. C’est le cercle vicieux de l’accumulation d’injustices sociales sur une seule personne.

Soulignons également les effets psychosociaux dévastateurs de la monoparentalité pour la mère et son enfant : puisqu’une famille monoparentale dispose logiquement de moins d’argent (un salaire au lieu de deux), et qu’elles ont donc un plus grand risque d’être dans la précarité financière, autant l’enfant que son parent sont soumis à une plus grande tension physique et psychologique. Comment éviter le stress lorsque l’on ne sait pas si l’on pourra payer sa facture d’électricité le mois prochain ? Cela veut aussi dire plus de maladies et de troubles psychosomatiques : insomnie, fatigue, dépression, troubles du comportement. Plus de consommation de médicaments. Cela veut aussi dire moins de chances d’accéder à un emploi stable, donc moins de chances de sortir de cette situation. Et bien évidemment, tout cela se répercute sur l’enfant.

La proposition de loi de Martine Filleul

Martine Filleul propose une série de dispositions pour aider le sort de ces femmes et favoriser leur accès à l’emploi. Parmi celles-ci, on retrouve le fait d’accorder le versement de l’allocation familiale dès le premier enfant, adapter les aides financières disponibles pour leur garde ou étendre le bénéfice des places réservées en crèche aux familles monoparentales. Elle propose également de mettre en place des dispositifs de suivi personnalisé des femmes qui souhaitent se réinsérer dans le marché de l’emploi après un long congé de maternité, et préconise « plus de souplesse » pour l’aménagement de leur temps de travail. Et bien que le fait d’encourager le télétravail pour elles soit discutable (ces femmes sont souvent isolées socialement, et le télétravail prive l’employé de la vie sociale apportée par son lieu de travail), il est vrai que cela permettrait plus de flexibilité dans la gestion de leur emploi du temps. Dans tous les cas, ces mesures permettraient d’améliorer les conditions de ce public trop souvent négligé par les autorités publiques. La proposition de loi doit maintenant être examinée par la commission des affaires sociales au Sénat.

Le travail de POUR LA SOLIDARITÉ-PLS pour les familles monoparentales bruxelloises

POUR LA SOLIDARITÉ-PLS est fier de vous présenter le site web d'Equal.brussels dédié aux aides et services proposés aux parents isolés de la Région Bruxelles-Capitale : parentsolo.brussels. Vous y trouverez des informations relatives au logement, aux droits des parents et des enfants en cas de séparation ou divorce, aux services de garde, mais aussi une riche documentation sur la réalité des familles monoparentales. N’hésitez pas à le partager si vous connaissez des personnes dans cette situation !