Violences invisibles : la soumission chimique au cœur d'un procès emblématique
Le lundi 2 septembre, un procès s’est ouvert devant la cour criminelle d’Avignon. Un homme de 71 ans est poursuivi pour avoir drogué sa femme à l’aide d’anxiolytique pour permettre à des hommes recrutés en ligne d'abuser d'elle. Ce procès bien que rare reste emblématique de l’usage de la soumission chimique et rouvre le débat sur la lutte contre cette forme de violence et la prise en charge des victimes.
La soumission chimique qu’est-ce que c’est ?
Selon Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, la soumission chimique correspond à « l’administration à des fins criminelles (viols) ou délictuelles (violences, vols) de substances psychoactives à l’insu de la victime ou sous la menace. »
La soumission chimique au-delà des mythes
L'image hollywoodienne du GHB utilisé par un·e agresseur·euse lors de soirées festives est trompeuse. En réalité, de nombreux préjugés entourent la soumission chimique, qui se révèle bien loin des faits.
- Un phénomène ancien : bien que récemment médiatisée, la soumission chimique est en réalité un phénomène ancien.
- Le GHB, un mythe : rarement utilisé pour la soumission chimique ; la plupart des agressions impliquent plutôt des anxiolytiques, comme le Xanax ou le Lexomil.
- Le plus souvent opéré dans la sphère privée : le domicile est identifié comme l'endroit où il y a le plus de soumission chimique et non pas les lieux festifs.
- Majoritairement le fait de proches : souvent, les agresseurs sont connus des victimes. Nous pouvons citer le cas de la députée Sandrine Josso qui a porté plainte contre le sénateur Joël Guerriau qu’elle décrit comme son ami depuis plus de 10 ans, l’accusant de l’avoir droguée à son insu en vue de l’agresser sexuellement.
Difficultés persistantes : des changements nécessaires
Bien que le phénomène soit de plus en plus pris en compte, il demeure de nombreuses difficultés. En effet, peu de victimes portent plainte, souvent par crainte des répercussions, et les substances utilisées sont difficiles à détecter en raison de leur élimination rapide par l'organisme, compliquant ainsi les dépistages. De plus, les protocoles judiciaires ne sont pas adaptés. Aujourd'hui, en cas de suspicion de soumission chimique, il est nécessaire de déposer une plainte, après quoi les forces de l'ordre orientent les victimes vers une unité médico-légale pour les tests, un processus qui, semble aller à l'encontre du traumatisme subi par les victimes.
Dans neuf cas sur dix, les victimes de soumission chimique sont des femmes, souvent ciblées par un proche dans un cadre privé. Le fait que les femmes soient disproportionnellement affectées par ce phénomène souligne les inégalités de pouvoir et de contrôle lié au genre, et montre que ce type de violence est enraciné dans un contexte plus large de violences sexistes.
Lutter contre la soumission chimique est essentiel et exige de déconstruire les rapports de domination fondés sur le genre qui permettent ce type de violence. Il est donc crucial de mettre en place des actions concrètes afin de combattre efficacement les violences faites aux femmes.
POUR LA SOLIDARITE-PLS est engagé depuis plusieurs années maintenant dans ce combat notamment aux travers de son réseau CEASE, qui invite les employeurs à s'impliquer contre les violences basées sur le genre. Pour rappel, en Belgique, 1 femme sur 3 est victime de violences conjugales.
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