L'activisme performatif de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques 2024
Le très médiatisé déploiement de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques (JO) 2024 a été l'objet de nombreuses controverses au sujet de son engagement vers l'inclusion et la diversité. Pourtant, ces JO cachent une réalité bien moins optimiste qu'il convient de décoder.
Un évènement médiatique de masse
Regardée par 23 millions de français⋅e⋅s, et plus d'1 milliard de téléspectateur⋅trice⋅s à travers le monde, la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques a prouvé une fois de plus son statut d'événement médiatique de masse en dépit des appels au boycott lancés depuis des mois. Un spectacle grandiose, dont l’enchaînement de tableaux réussis comme des drag queens incarnant des dieux et déesses grec⋅que⋅s, ou encore Aya Nakamura interprétant son fameux “Djadja” aux côtés de la Garde Républicaine, a incarné un véritable bol d’air progressiste - alors même que l’extrême droite est redevenue un acteur de premier plan tout autour du globe. Cette dernière s’est d’ailleurs trouvée offensée par une telle démonstration d’inclusivité et de diversité.
La France modèle d'inclusion et de diversité, vraiment ?
La colère de l’extrême droite ne suffit pas à appréhender la cérémonie d’ouverture comme une victoire idéologique en soi. Il est essentiel de rester vigilant·e face à la capacité des systèmes oppressifs à se draper dans les atours de l'inclusion pour masquer leurs véritables mécanismes d'exclusion. En présentant cette cérémonie comme un spectacle mondial de diversité, la France participe à la promotion de l'illusion d'un universalisme pluriel tout en cherchant à éviter les critiques concernant ses propres injustices : racisme, LGBTQIA-phobie, misogynie et validisme. C’est ce que l’on appelle “activisme performatif”. A titre d’exemple : si Aya Nakamura dansant aux côtés de membres de la Garde Républicaine s'érige comme un symbole puissant en réponse aux attaques racistes dont elle est incessamment victime, est-ce que cela ne contribue pas à l'invisibilisation des véritables rapports de force entre les personnes racisées et les forces de l'ordre ? Rappelons qu’une enquête sur l'accès aux droits de 2017 avait révélé que 80% des personnes correspondant au profil de "jeune homme perçu comme noir ou arabe" avaient été contrôlées au cours des cinq dernières années, contre seulement 16% pour le reste de la population. Si le symbole est indéniablement puissant, il apparaît impératif de le replacer dans son contexte et de rappeler l’existence d’un racisme systémique particulièrement ancré dans les institutions militaires et policières, et que le régime d'Emmanuel Macron a montré une tolérance excessive vis-à-vis de ces problématiques.
Des JO sous le joug des abus sociaux et environnementaux
En outre, il convient de souligner que sous cette façade progressiste, les JO 2024 ont été imposés à coup d’expulsions de pauvres et d’exilé⋅e⋅s, d’étudiant⋅e⋅s délogé⋅e⋅s, de militarisation de l’espace public, que les athlètes françaises voilées n'ont pas été autorisées à participer, et qu’ils représentent un indicible scandale environnemental. Cette mise en scène d'une diversité apparente permet - un court instant - d'enfouir les véritables injustices et déviations, offrant une couverture à des politiques qui continuent de marginaliser les plus vulnérables tout en détournant l'attention des véritables enjeux sociaux et environnementaux. La cérémonie, bien que brillante, ne doit pas occulter le besoin urgent de réformes substantielles et d'une véritable justice sociale.
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