L'Espagne démontre qu’il est possible de lutter contre les violences conjugales

Mercredi, 6 Novembre 2019

Alors que la lutte contre les violences conjugales a émergé récemment au centre des débats dans nombre de pays européens, l’Espagne fait figure de pionnier et d’exemple à suivre. En 15 ans, le pays a réussi à réduire le taux de féminicide par deux et ce grâce à des législations innovantes et des politiques publiques d’envergures.  

Une législation spécifique et innovante

C’est en 2004, suite à l’histoire dramatique d’Ana Orantes, que le pays s’est doté d’une législation. Cette espagnole de 60 ans avait accepté de témoigner ouvertement du calvaire que son mari lui faisait endurer quotidiennement ; en représailles, ce dernier l’avait brûlé vive.  

Le dispositif judiciaire et policier mis en place à la suite de ce drame fait toujours figure d’exception en Europe tant il est abouti. En effet, la loi de 2004 relative aux violences conjugales innove car il agit à tous les niveaux avec la formation du personnel de police, la création des tribunaux spécialisés et la mise en place de dispositifs des victimes.

Des tribunaux aux prérogatives spécifiques

Ces tribunaux spécialement dédiés aux violences conjugales ont été conçus pour répondre aux contraintes spécifiques aux affaires de violences domestiques. Aussi les affaires sont instruites dans un laps de temps très court (3 jours maximum) pour éviter d’exposer la victime à des dangers supplémentaires.

Les magistrats qui y siègent ont été formé-e-s aux enjeux liés aux cas de violences conjugales et sont investis de pouvoirs élargis en vue d’assurer une protection effective des victimes. Iels peuvent statuer sur la garde des enfants ou encore ordonner le port d’un bracelet d’éloignement pour le conjoint violent. Ce dispositif a d’ailleurs fait ses preuves puisque le pays enregistre un taux de féminicide nul concernant les porteurs de bracelet.

Un accompagnement social renforcé

En parallèle de la protection judiciaire apportée aux victimes, le pays a également mis en place des aides sociales afin de permettre aux victimes de se reconstruire. Ainsi, les victimes peuvent bénéficier d’une pension issue du fond d’indemnisation qui leur est dédié, recevoir une aide psychologique gratuite ou encore se voir attribuer un logement.

Si l’Espagne a réussi à faire chuter de moitié le taux de féminicides c’est aussi parce que le pays s’est donné les moyens d’y parvenir, en investissant un milliard d’euros sur cinq ans. Un budget somme toute minime en comparaison du budget annuel total mais qui fait la différence !