Élections européennes 2014 : quelles leçons en matière d’égalité femmes-hommes ?

Jeudi, 18 Septembre 2014

Les élections européennes 2014 ont-elles été l’occasion de renforcer les engagements des décideurs politiques européens en matière d’égalité femmes-hommes ? C’est le pari qu’avait fait le Lobby européen des Femmes (LEF ou European Women Lobby) en lançant sa campagne « 50/50 and Parity Democracy for Europe ».

Le lobby avait lancé dès novembre 2012 la « Coalition 50/50 », en collaboration avec cinq eurodéputées aux couleurs politiques diverses : leur Déclaration 50/50 avait été signée par 50 député/e/s dès le jour de son lancement ! Cette année, à la veille des élections européennes, LEF a soumis aux candidat/e/s au Parlement européen et à la présidence de la Commission européenne son manifeste « Agissons maintenant pour son avenir, engageons-nous pour l’égalité femmes-hommes ! ». Le lobby a également réalisé ungender audit des programmes des principaux groupes politiques au Parlement européen.

L’heure est maintenant au bilan. Une soixantaine de candidat/e/s au Parlement européen ont signé le manifeste de LEF ; la liste étant consultable ici. Les leaders des principaux groupes politiques ont également soutenu le manifeste : Ska Skeller (Les Verts/ELA),  Martin Schultz (Parti socialiste européen-PSE) et Guy Verhofstadt (ALDE), à l’exception de Jean-Claude Juncker (Parti populaire européen-PPE), qui a fait le choix de ne pas le signer.

Le « gender audit » révèle en effet que le manifeste du PPE intègre la question des droits de l’homme surtout dans le cadre de la politique extérieure de l’UE, et ne mentionne pas une seule fois la discrimination envers les femmes. Les programmes des autres groupes politiques sont-ils plus vertueux en la matière ?

Le manifeste de ALDE ne va, selon LEF, pas au-delà des termes des droits humains et de la discrimination au sens large ; les droits des femmes ou l’égalité entre les sexes n’étant pas mentionné.

Le Parti socialiste européen a, quant à lui, fait de l’égalité femmes-hommes une de ses priorités pour les cinq prochaines années : il entend placer l’égalité au cœur de toutes ses politiques, s’engage à agir en faveur de l’égalité des salaires et de la parité en matière de pouvoir, de travail, et des rôles. La lutte contre le racisme, sexisme, homophobie, transphobie et l’intolérance est également inscrite dans son manifeste.

Le Parti de la Gauche européenne (PGE) intègre la question des inégalités de genre dans de nombreux domaines (emploi, santé, migration et discriminations multiples), et fait des droits fondamentaux de tous les Européens, hommes et femmes, sa priorité. Son programme comprend d’ailleurs une section dédiée aux droits des femmes : le PGE y affirme défendre l’égale répartition des responsabilités familiales, lutter contre la commercialisation du corps de la femme, contre les stéréotypes et les normes masculines dans l’éducation et la culture.

LEF, enfin, apprécie l’engagement des Verts, seul groupe politique à avoir placer un duo homme-femme à la tête du parti. Leur manifeste présente l’égalité des sexes comme un principe fondamental de l’UE et souligne le fossé existant entre la législation et son application : c’est pourquoi il propose non seulement une directive contre la violence faite aux femmes et l’extension de directives anti-discrimination, mais aussi  l’adoption d’une approche de genre dans l’ensemble des politiques de l’UE.

Le 9 juillet prochain, LEF présentera ces résultats lors de la conférence finale de sa campagne, qui lancera aussi le débat sur l’après-élections : comment assurer la mise en œuvre effective des engagements pris par les candidats ?

Thématiques: