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Crise migratoire en Europe : vers une rupture définitive des politiques européennes ?

Mardi, 20 Août 2019

Depuis plus de 10 jours maintenant l’Ocean-Viking et l’Open Arms, avec respectivement 356 et 107 migrants à leur bord, sont bloqués dans les eaux méditerranéennes. Leurs demandes d’accueil se heurtent à une réponse lente et décousue, symbole d’une opposition croissante dans la politique migratoire entre les pays de l’UE. Alors que des législations répressives envers les navires humanitaires et leurs capitaines émergent dans certains Etats membres, les autres peinent à réagir et trouver une solution viable face à un flux de migrants constant.  

Le règlement de Dublin III est le dernier accord en date signé par l’ensemble des Etats membres, en juin 2013. Il impose aux migrants de déposer leur demande d’asile dans le pays qui les a enregistrés en premier. Cette disposition place Malte, l’Italie ou la Grèce au premier plan dans l’accueil des réfugiés. Ce système a fonctionné jusqu’à l’arrivée d’une coalition de d’extrême droite en Italie, en juillet 2018, et l’annonce par Matteo Salvini de la fermeture des frontières aux navires humanitaires. Les flux de migrants se sont déportés sur l’Ile de Malte qui a vu son nombre de réfugiés passer de 23 en 2017 à 1445 en 2018.

Face à une Italie fermée et une île maltaise débordée, l’UE s’enfonce progressivement dans une situation conflictuelle et insolvable. En effet, les navires humanitaires essuient tour à tour des refus. Malte, par exemple, a mis en place une politique de « chantage au débarquement ». Elle n’accepte d’accueillir les bateaux seulement à la condition que d’autres Etats membres aient d’abord accepté de les prendre en charge. C’est une stratégie qui a fait ses preuves mais qui reste précaire, se faisant au cas par cas, avec souvent de longs jours d’attente.

Aussi, face à la difficulté de mobiliser la « solidarité européenne », certains navires dans l’impasse ont choisi de forcer l’accès aux côtes italiennes. C’est ce qu’a choisi de faire Carola Rackete, avec son navire le Sea Watch III en juillet 2019. Cette arrestation a suscité des crispations avec l’Allemagne, pays d’origine de la capitaine. Accusée « d’aide à l’immigration illégale », la jeune femme a finalement été relaxée. Dans la foulée Matteo Salvini a porté devant le parlement italien un durcissement des peines contre les navires entrant dans les eaux italiennes sans autorisation, comme un message d’alerte. L’amende s’élève maintenant à 1 million d’euros et il est possible de faire arrêter les capitaines et de saisir le navire.  Suite à cela, une nouvelle situation de crise se profile déjà.

Ainsi l’Ocean Vikings et de l’Open Arms sont coincés en mer, trop loin des côtes espagnoles qui leur proposent un port de débarquement, refusés par l’Italie bien que d’autres pays aient déjà accepté de les accueillir. L’UE apparaît plus divisée que jamais, en l’absence de solution viable pour le sauvetage des migrants.