COVID-19 and Ending Violence Against Women and Girls

Confinement et violences domestiques, il est urgent d'intervenir !

Jeudi, 23 Avril 2020

Les mesures de confinement prises pour endiguer la pandémie de coronavirus entrainent un risque accru de violences intrafamiliales et domestiques. Confinées avec leur bourreau, les personnes confrontées à ce type de violences – dont la grande majorité est composée de femmes et d'enfants – se retrouvent plus vulnérables que jamais.

Une hausse des signalements de faits de violence domestique

Alors que le premier rapport d'activités du GREVIO (le groupe d'expert-e-s sur l'action contre la violence envers les femmes et la violence domestique) chargé de contrôler la mise en oeuvre de la Convention d'Istanbul vient de paraitre, le nombre de signalements pour des faits de violences domestiques a augmenté. En France, on a observé une augmentation de 30% tandis qu'en Belgique, on parle d'une augmentation des appels vers les centres d'écoute allant de 25 à 30%. 

D'après l'Organisation des Nations Unies, les appels d'urgence pour des cas de violences domestiques ont augmenté un peu partout dans le monde – où la moitié de la population est confinée. En Argentine, ces appels ont augmenté de 25% depuis le début du confinement, à Chypre et Singapour, le taux monte à 30 et 33% respectivement tandis que des États comme le Canada, l'Allemagne, l'Espagne, le Royaume-Uni et les États-Unis connaissent aussi une augmentation des cas de violences domestiques et du nombre de demandes urgentes de places dans des refuges.

Le besoin d'une intervention urgente

Bien que les services pré-existants se soient adaptés à la situation, selon leurs moyens, il est urgent que les autorités compétentes prennent davantage de mesures pour lutter contre les violences faites aux femmes. Déjà en temps normal, le GREVIO a constaté des lacunes dans les systèmes nationaux de mise en oeuvre de la Convention d'Istanbul mais, dans une situation aussi particulière que celle que nous vivons actuellement, il est primordial d'allouer les moyens nécessaires à une meilleure prise en charge des personnes confrontées à la violence. Le Comité des Parties à la Convention d'Istanbul rappelle ainsi dans une Déclaration du 20 avril 2020 :

"l'obligation qu'ont les États parties à la Convention d'Istanbul d'oeuvrer afin de prévenir, enquêter, sanctionner et réparer les actes de violence couverts par la Convention, en accord avec leurs obligations découlant de la Convention Européenne des Droits de l'Homme

Il est en effet primoridal que les États s'appuient sur cet instrument de droit européen pour prendre les mesures requises afin de protéger ces personnes particulièrement vulnérables. Pour ce faire, ils peuvent s'inspirer les uns des autres en consultant les mesures et pratiques recensées par le Conseil de l'Europe sur son site internet.

Au niveau mondial, l'ONU, par l'intermédiaire de son Secrétaire général, appelle également les États à agir

"J’engage tous les gouvernements à prendre des mesures de prévention de la violence contre les femmes et à prévoir des recours pour les victimes dans le cadre de leur plan d’action national face au COVID-19"

L'agence onusienne UN Women a récemment publié un document reprenant les chiffres et tendances actuelles par rapport à la question critique des violences à l'encontre des filles et des femmes en période de pandémie du COVID-19. Elle y dresse une liste de recommandations aux gouvernements et autres agences des Nations Unies; elle préconise notamment :

  • De renforcer les services proposés aux femmes qui subissent des violences durant la pandémie en augmentant la capacité des refuges ou en réaffectant d'autres espaces afin de proposer un lieu sûr à celles qui quittent leur logement, comme cela a été fait en France et en Belgique ;
  • D'assurer un soutien psycho-social pour les filles et femmes qui ont été confrontées à la violence mais aussi pour les travailleur-euse-s de première ligne ;
  • De renforcer la capacité des services-clés à prévenir et répondre aux actes de violence domestique en les formant à détecter des signes, protéger les victimes et les orienter. En guise d'exemple, au Royaume-Uni, la police a formé des travailleur-euse-s postaux et des livreur-euse-s pour qu'i.elles puissent détecter des signes d'abus. 

Le poids du confinement et de ses effets sur les victimes de violences ne peut reposer exclusivement sur le milieu associatif et les proches inquiet-e-s. À cet égard, POUR LA SOLIDARITE-PLS salue les initiatives déjà prises mais insiste aussi sur la nécessité de les accompagner d'autres mesures complémentaires. Le confinement est mis en place pour sauver des vies, pas pour en mettre d'autres en danger !