Business & Society Belgium face au défi de l’emploi : interview

Jeudi, 18 Septembre 2014

Business & Society Belgium (Belgian Business Network for Corporate Social Responsibility) est un réseau national de référence pour les entreprises engagées dans des démarches de responsabilité sociétale. Pour la Solidarité – PLS est allé à la rencontre de Sabine Denis, Change Executive Officer, qui dévoile ici les bonnes pratiques de quelques entreprises membres à destination des seniors et des jeunes.

Pour la Solidarité : Quels sont pour B&S les enjeux essentiels liés à la thématique de l’emploi des jeunes et des seniors pour les entreprises ?

L’emploi est un défi majeur pour notre société et on constate que certains groupes éprouvent de grandes difficultés à accéder au marché de l’emploi : les jeunes, les seniors, les femmes, les moins valides, les personnes d’origine étrangère, … Il incombe aux entreprises d’aider les demandeur/euse/s d’emploi à intégrer le marché du travail car l’Etat n’est plus capable à lui seul de rapprocher l’offre et la demande.

À Bruxelles, un jeune sur trois, voire sur deux dans certains quartiers, est sans emploi et souvent sans diplôme suffisant. Et pourtant Bruxelles ne manque pas d’emplois, mais les employeurs recherchent essentiellement des personnes hautement qualifiées. Dans ce contexte, chaque jeune qui trouve un emploi est un gain pour la société car cela signifie une diminution de l’allocation publique et une augmentation du pouvoir d’achat.

Dans le groupe des 55+ une personne sur trois est encore au travail en Belgique et notre pays fait figure de mauvais élève en Europe. La population vieillit et travaille de moins en moins. Il faut donc conserver plus de personnes actives pour absorber le coût du vieillissement de la population.

Pour la Solidarité : Pouvez-vous nous décrire une bonne pratique qui illustre l’engagement de vos entreprises membres en matière d’employabilité des seniors ?

On peut citer l’exemple de KBC et son plan Minerva qui a été développé avec SDWorks pour son personnel.

Tous les ans, une trentaine de collaborateurs de KBC atteignent l’âge de 62 ans. Dans cinq ans, ce chiffre passera à 300 par an. Le plan a été développé pour que les nombreux collaborateurs plus âgés restent au travail et gardent leur motivation.

Grâce à des scénarios de fin de carrière, ces collaborateurs plus âgés ont désormais le choix entre cinq ‘trajets de carrière’. Chacun de ces trajets ou ‘tracks’ est fondé sur une combinaison de régimes de travail et de niveaux de fonction. La clé de voûte de ce dispositif est l’i-Deal, une convention personnalisée passée entre le travailleur et KBC. Quatre paramètres sont déterminants lors de l’établissement de l’i-Deal : l’intérêt, le niveau de fonction, le régime de travail et la durée de la carrière. En concertation avec leur manager, les collaborateurs choisissent un trajet de carrière qui répond  à leurs attentes. Le choix du trajet est libre et individuel. Le Track 5 est très innovant puisque les personnes qui optent pour ce trajet peuvent travailler pour une autre organisation que KBC, tout en conservant leur contrat de travail KBC.

Pour la Solidarité : Vos opérations ENGAGE – Discover your Talent permettent à des jeunes chercheur/euse/s d’emploi de quartiers défavorisés de recevoir des conseils de salarié/e/s volontaires pendant toute une journée. Quelle est selon vous la plus-value pour ces jeunes, au regard de tout le travail déjà réalisé par les coaches professionnels d’Actiris ? Et plus avant, quelles sont les motivations de ces salarié/e/s volontaires ?

Dans l’opération “Discover Your Talent”, nous travaillons en collaboration avec Actiris qui a envoyé des jeunes à la journée organisée en mai 2014. La démarche est complémentaire car elle permet aux jeunes de rencontrer des gens qui sont au travail dans les entreprises et qui peuvent leur parler très concrètement de ce qu’ils vivent dans leur quotidien.

C’est d’ailleurs ce qui ressort du questionnaire de feedback qu’ils ont rempli à la fin de la journée. Pour cette centaine de jeunes, lecoaching individuel avec des professionnels actifs et le partage d’expérience de ces personnes avec leurs suggestions sont très utiles. Après ce moment d’échange, ils ont également la possibilité d’être suivis individuellement dans le cadre de leur recherche d’emploi par un volontaire pendant 4 mois. Le volontaire fera là un coaching très ciblé en partageant son réseau.

On se rend compte qu’une journée comme celle-là permet de casser les stéréotypes liés à au monde de l’emploi et pour les jeunes de retrouver une motivation dans leur recherche d’emploi.

En ce qui concerne la motivation des volontaires, elles sont variées mais principalement, il s’agit de se sentir utile, de contribuer à larecherche de sens dans son travail en montrant que l’on peut mettre ses compétences et expériences à disposition pour aider un jeune. Cela leur apprend également à présenter les choses de façon simple, à discuter avec des profils différents de ceux qu’ils côtoient tous les jours. Pour certains, c’est également une belle expérience detravail en équipe car certains départements d’une entreprise s’engage ensemble, et cela leur permet de se connaître différemment. Enfin, certains travaillent dans le quartier mais n’ont que très peu de contact avec la communauté locale et ici, c’est une belle occasion de rencontrer les jeunes du quartier.