Rheims a réalisé en 2014 une série de portraits de femmes incarcérées, intitulée « Détenues ». Ce projet, soutenu par l’administration pénitentiaire, interroge la construction et la représentation de la féminité dans les espaces de privation de liberté et d’incarcération.

Bettina Rheims démarre sa carrière de photographe en 1978. La même année, elle réalise une série sur un groupe de strip-teaseuses et d’acrobates qui donnera lieu à ses premières expositions. Ce travail marque l’ampleur du modèle féminin dans ses photographies, auquel elle reviendra souvent pendant sa carrière.

Pour sa dernière exposition, elle explique ainsi sa motivation et sa démarche :

« Je voulais les montrer. Je ne sais pas ce que je voulais particulièrement montrer mais je voulais les montrer. Je voulais que ça soit des portraits. Je voulais pas photographier la prison, je ne voulais pas les photographier dans leur cellule, je ne voulais pas qu’on voie les barreaux… Ce fond neutre, c'est exprès, c’est pour sortir de l’anecdote. Je voulais qu’on voie que les femmes et qu’à travers leurs regards, on puisse se dire que c’étaient des femmes qui souffraient. »  

La série « Détenues » offre une fenêtre de dialogue avec l’univers carcéral. Ces femmes photographiées en prison, dans un studio improvisé, ont pu s’engager avec la photographe dans une démarche de reconstruction de leur identité féminine.

Une cinquantaine de photographies seront exposées au château de Vincennes et au château de Cadillac, des lieux symboliques sur l’histoire des prisons pour femmes en France, en effet, "le donjon de Vincennes sert dès le XVe siècle de prison d’Etat, et reçoit notamment, jusqu’en 1784, des prisonnières politiques. À la Révolution française, le pavillon du Roi devient à son tour – brièvement – un lieu d’incarcération destiné aux femmes dites de mauvaise vie. Le château de Cadillac, s’est transformé en prison pour femmes en 1818. Des femmes condamnées à des peines diverses y sont incarcérées. De 1890 jusqu’en 1952 le château de Cadillac devient « école de préservation de jeunes filles » où sont placées de jeunes mineures considérées comme délinquantes."