Sexisme et suivi gynécologique : un hashtag, un rapport, et après ?

Monday, 9 July 2018

En novembre 2014, le hashtag #PayeTonUterus permet de relayer plus de 7000 témoignages de femmes victimes de maltraitances verbales ou physiques de la part d'un.e praticien.ne lors de consultations intimes. Constatant l'ampleur du phénomène sur les réseaux sociaux, la secrétaire chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa commandite en juillet 2017 un rapport sur le sujet. Publié le 29 juin 2018, le rapport du Haut Conseil à l'égalité (HCE) fait état de la banalité de l'expérience du sexisme lors du suivi gynécologique et obstétrical. Le contenu du rapport est résumé ci-dessous.

Fruit de neuf mois de travail, le rapport du HCE offre d'abord une analyse chiffrée du mécontentement des patientes et des maltraitances subies par celles-ci :

  • Une femme sur cinq subit une épisiotomie lors de l'accouchement, or la moitié d'entre elles déplore un manque d'explications au moment de la procédure. Le taux d'épisotomie varie également de façon exponentielle d'une maternité à l'autre, ce qui semble indiquer que le recours à cette procédure serait dans certains cas motivé par la recherche de l'efficience plutôt que par la nécessité physiologique de faciliter l'accouchement.
  • 6% des femmes se disent "plutôt pas" ou "pas du tout" satisfaites de leur suivi obstétrical.
  • Plus de 3% des plaintes déposées auprès de l'Ordre des médecins concernaient en 2016 des agressions sexuelles commises par des médecins.

Chiffres à l'appui, le rapport identifie ainsi six types d'actes sexistes lors du suivi :

  • absence de prise en compte de la gêne de la patiente ;
  • propos porteurs de jugements sexistes ;
  • injures sexistes ;
  • actes exercés sans le consentement de la patiente ;
  • actes ou refus d'acte sans justification médicale ;
  • violences sexuelles ;

A travers ce rapport, le HCE veut appeler à une prise de conscience des pouvoirs publics et préconise un plan d'action articulé autour de trois axes : la reconnaissance de l'ampleur du phénomène, la prévention des actes sexistes et la facilitation des procédures de signalement et de sanction.