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Le difficile processus de réintégration sociale des enfants de Daech en Europe

Friday, 9 February 2018

Daech, ses soldats, ses femmes, et ses enfants. Une véritable société s'est créée autour de l'idéologie du Califat, incluant de nombreux-ses expatrié-e-s venant d'Europe. Alors que l'horizon s'assombrit et que leur retour semble inévitable, les djihadistes européen-ne-s voient leur avenir en Europe compromis. Mais qu'en est-il de leurs progénitures qui, malgré leur innocente implication, demeurent des citoyen-ne-s européen-ne-s ?

Fin 2016, dans son livre Les revenants, le journaliste français David Thomson tirait le portrait de nombre de ses compatriotes, femmes et hommes, parti-e-s fournir les rangs de l’État Islamique dans les pays du Levant. Iels décrivaient à travers les témoignages leur désir profond de revenir en France, après une aventure riche en désillusions et en contraintes, à la fois physiques et psychologiques.

Parmi ces expatrié-e-s, des couples, des familles, ayant tout quitté pour cette idéologie, mais aussi des femmes et hommes seul-e-s, parti-e-s parfois avec leurs enfants, pour vivre ce qu'ils s'imaginaient comme une grande et excitante aventure : le Jihad.  Parmi cette foule, de nombreux enfants : environ 500 venant de France, une centaine de Belgique et des Pays-bas… en tout, plus de 1000 jeunes citoyen-ne-s européen-ne-s dont le retour pourrait poser de nombreux problèmes. POUR LA SOLIDARITÉ-PLS se questionne sur les enjeux, d’un point de vue d’intégration et de citoyenneté, à la fois pour les concerné-e-s et pour les instances de l’Union européenne.

Tout d’abord, il y a pour l’Europe une idée de menace, car ces jeunes peuvent avoir reçu une éducation ou une formation radicalisée, qu’il faut éviter. Ce qui semble évident pour les experts, c’est que le rapatriement de ces jeunes doit se faire au plus vite, puisque plus l’Europe attend, plus le risque augmente.

Le premier critère du danger est l’éducation. En effet, ces enfants sont soit né-e-s dans les rangs de Daech, soit ils ont quitté le territoire européen trop tôt pour avoir reçu une éducation occidentale suffisante. Dans les deux cas, ils ne sont pas responsables du choix de leurs parents d’avoir rejoint Daech, et par conséquent les questions liées à leur citoyenneté sont complexifiées. Bien sûr, le danger qu’ils représentent pour l’Europe est réel. Leur passage au sein de l’organisation islamique peut avoir de fortes répercussions sur leur éducation, leur mode de vie, et sur l’image qu'iels ont de l’Occident et de l’Europe. Une politique adaptée doit être menée en tenant compte de leur irresponsabilité face aux crimes de leurs parents, et c’est tout l’enjeu auquel est confronté l’Europe.

Ce retour est inéluctable, et les questions de citoyenneté nationale qui ont émergé suite aux différentes vagues d’attentats – comme la déchéance de nationalité – n’y changeront rien. En effet, ces enfants étant des citoyen-ne-s d’un pays européen (soit par le droit du sol, s’ils sont nés en France, ou par le droit du sang comme en Belgique ou en Allemagne), leur citoyenneté européenne est de facto attribuée, et celle-ci ne pourra en aucun cas empêcher leur retour et leur réinstallation.

Le second enjeu est celui de la resocialisation. De nombreux "enfants déracinés" ont entre 2 et 8 ans, ce qui en fait des cibles pas encore totalement impliquées dans la violence et la radicalisation, selon Omar Ramadan, qui dirige le réseau d’experts européen Radicalisation Awareness Network. Ceci peut sembler rassurant sur la capacité des États à les réintégrer, toutefois le risque demeure, et cela soulève de nombreux autres défis : resocialisation, épanouissement hors d’un cadre familial stable, séquelles psychologiques, etc…

Autant de réponses que l’Union européenne doit tenter de trouver afin d’assurer un avenir décent à ces victimes collatérales d’une guerre qui n’en porte pas le nom. D'autant plus que d'après le chef des renseignements néerlandais, Robbert A.C. Bertholee :

L’Europe ne peut se permettre de sous-estimer le danger qu’ils peuvent représenter – Daech compte plus sur cette jeunesse radicalisée que sur ses propres combattants

De plus, en pleine déroute militaire après avoir perdu la ville de Manbij en Syrie, en 2016, l’État islamique déclarait : “Nous avons perdu une bataille mais nous avons gagné une génération qui connaît son ennemi.

Il est donc désormais urgent pour l'Europe d'agir.

Country: 

European Union